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les mois, l’expédition du Carmen a constaté de deux à six jours de calme plat, de quatre à dix-sept jours de tempête, de huit à vingt et un jours de brises maniables. Elle a essuyé de nombreux coups de vent, mais leur durée n’a jamais dépassé vingt-quatre heures. La mobilité extrême du baromètre ne permet pas toujours de prévoir une bourrasque. Cependant, on peut admettre que le beau temps a plus de fixité quand la lune décroît ; la pleine lune coïncide avec les tempêtes ; la neige est souvent le signe précurseur d’une embellie ; la grêle et la pluie arrivent en rafale. M. Dasté, que nous avons vu à son retour en France, ajoute à ces données cette constatation que les vents du Nord n’ont jamais été très violens, mais soulevaient une mer énorme sous une pluie diluvienne, tandis que les vents du Nord-Est soufflaient en ouragan et sautaient toujours au Sud-Ouest.

Ce qui a été dit au sujet de la faune et de la flore nous dispense d’y revenir. Les lapins ne se sont que trop bien acclimatés. Le fameux chou de Kerguelen a fait les frais de cette expérience. Un jour viendra peut-être où les pasteurs organiseront, contre ces irréductibles rongeurs, des battues dignes de celles qui se pratiquent en Australie et en Nouvelle-Zélande.

C’est qu’en effet, les concessionnaires commencent à tenter l’élevage du mouton. « Déposé sur une île[1], en octobre 1908, et laissé à lui-même, sans aucun abri et sans aucun soin, le petit troupeau avait plus que doublé en octobre 1909. Les agneaux, bien que nés au début de l’hiver, c’est-à-dire à contre-saison, avaient admirablement supporté les intempéries. Aujourd’hui, ils fuient à l’approche de l’homme comme des cabris, ce qui prouve combien le climat leur est propice[2]. »

Ces essais sont de date trop récente pour qu’on puisse prédire un succès ; tenons-les seulement pour encourageans.

Mais voici des résultats positifs. Il s’agit de la pêche à la baleine. Le télégramme suivant nous a été communiqué par M. René Bossière, aussitôt sa réception au Havre, le 24 juillet 1909.

« Jeanne-d’Arc arrivée à Durban hier. Total 232 baleines, 1 080 tonnes d’huile. »

Tel est le bilan d’une campagne de cinq mois. Ce qui ajoute

  1. C’est l’ile Longue, au fond du Royal-Sound.
  2. Kerguelen, par M. René Bossière. Bulletin de la Société de Géographie commerciale, janvier 1910.