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de l’ordre et du calme dans ce pays… Mais, à côté de cela, comme puissance frontière de la Perse, elle (la Russie) a encore un intérêt particulier et légitime à la sécurité de la situation dans la partie de la Perse contiguë à sa frontière. Nous avons volontiers reconnu que la Russie a, dans ce but, besoin d’une influence particulière dans la Perse septentrionale, et nous avons, par suite, volontiers souscrit à sa demande concernant toutes les concessions de chemins de fer, routes et télégraphes dans cette région. La Russie de son côté, non seulement ne mettra aucun obstacle à notre commerce, mais même facilitera l’établissement d’une communication pour son importation en Perse par la voie de Bagdad. Nous avons été d’accord avec la Russie dans cette conversation, au cours de laquelle on a agité encore d’une façon amicale un certain nombre de questions de détail ; nous faciliterons aux deux gouvernemens, sans aucun changement dans l’orientation actuelle de leur politique, l’entente sur toutes les questions qui peuvent surgir de nouveau. Les entretiens qui ont eu lieu pendant l’entrevue de Potsdam ont fait disparaître ici et là des malentendus, et consolidé et renforcé les vieilles relations pleines de confiance entre nous et la Russie. » Ce passage du discours est le plus important. Qu’avons-nous à y reprendre ? Rien, en vérité. M. de Bethmann-Hollweg a pris soin de dire que les résolutions arrêtées ne portent aucune atteinte à la direction générale de la politique des deux pays, et il est à croire que la Russie a tenu à ce que ce point fût précisé. Cela étant, il est très naturel et très légitime que les deux gouvernemens se soient mis d’accord sur leurs intérêts dans les Balkans et en Perse ; ils n’ont fait que suivre l’exemple que nous leur avions donné en d’autres circonstances, lorsque, en dehors de l’alliance qui nous attache à la Russie, nous avons pourvu au développement de nos propres intérêts dans certaines parties du monde. Nous n’avons pas d’intérêts spéciaux en Perse : la Russie en a et l’Allemagne veut s’en créer, en leur conservant un caractère commercial. Leur accord ne saurait nous inquiéter. Pour ce qui est des Balkans nous ne pouvons pas nous en désintéresser, car l’axe de la politique générale y passe en ce moment, mais notre principe, comme celui de la Russie, comme celui de l’Allemagne, y est le maintien du statu quo. Notre seul regret est que ce principe n’ait pas été celui de l’Allemagne il y a deux ans, car cela aurait épargné à l’Europe des perturbations assez profondes dont elle n’est pas encore complètement revenue, et à la Russie un désagrément.

Une autre partie du discours traite de l’emprunt turc. Cet emprunt