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en faites une, vous trouverez toute préparée une réponse d’Ems, trouera tutta pronta la risposta d’Ems !  »


II

Bismarck était vaincu dans la controverse diplomatique. Aucun gouvernement n’avait été ému par ses effronteries dont chacun connaissait aussi bien que nous la vanité. Nos déclarations, nos circulaires, nos discours triomphaient de tous les démentis : ils demeuraient intacts ; pas un mot n’en était inexact ni exagéré. Nous l’avions battu une première fois dans l’action en lui escamotant son candidat, puis en brisant la perche que lui avait maladroitement tendue la demande de garanties ; nous le battions encore dans la discussion par la vigueur et l’évidence de nos argumens. Pour échapper à notre première victoire, il avait eu recours à un procédé n’exigeant aucune habileté, qu’aucune habileté ne pouvait conjurer et à la portée du premier butor venu : il nous avait souffletés. Pour se dérober à notre seconde victoire, il recourut à un procédé également en dehors de toute habileté de part et d’autre et à la portée du premier fripon venu : il nous calomnia.

En 1866, il avait publié une dépêche confidentielle de décembre 4864, dans laquelle le ministre autrichien Mensdorff s’était montré disposé à l’annexion des duchés à la Prusse moyennant une augmentation équivalente des territoires allemands de l’Autriche. Reprenant ce procédé, il accusa l’Empereur de poursuivre un agrandissement territorial et de s’être servi de la candidature Hohenzollern comme d’un prétexte pour réaliser enfin un désir inassouvi de conquête. Il fit publier à Londres par le Times (25 juillet), puis à Berlin par les feuilles officieuses, un traité écrit de la main de Benedelti, que celui-ci avait laissé en sa possession[1], celui qui stipulait une alliance offensive et défensive avec la Prusse, en vue de nous assurer l’annexion de la Belgique et du Luxembourg au cas de l’incorporation des États du Sud à la Confédération du Nord. Il montra à toute la diplomatie de Berlin l’original de ce document qui fut, en effet, reconnu unanimement comme étant de l’écriture de Benedetti.

  1. Voyez Empire libéral, t. VIII, p. 562 et suivantes.