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L’EUROPE


ET


LA JEUNE-TURQUIE.




Toute l’Europe accueillit avec faveur la révolution turque et l’avènement de Mehemet V. L’Allemagne elle-même, dont l’Empereur s’était maintes fois proclamé l’ami du sultan déchu, fit fête au régime nouveau. Les puissances occidentales, et surtout la France, la grande porteuse d’idées, saluèrent dans la victoire de la Jeune-Turquie le triomphe des principes de liberté politique. La presse entière, chez nous, célébra la régénération de l’Empire ottoman. Nous-même, ici, le 1er septembre 1908, quelques semaines après les événemens de juillet, nous disions nos sympathies pour un effort qui s’annonçait sous d’aussi heureux auspices et nous exprimions l’espoir que les résultats seraient à la hauteur des intentions.

Ce que l’Europe attendait de la révolution turque, c’était une issue honorable et pacifique à une situation politique embrouillée et la fin d’une anarchie tyrannique dont elle se sentait, pour sa part, responsable. Les troubles de Macédoine avaient, depuis 1902, inquiété les grandes puissances ; elles avaient à grand’peine réalisé un accord instable pour doter de quelques « réformes » cette malheureuse province. Ces préoccupations allaient disparaître ; la Turquie réorganisée, civilisée, deviendrait capable de pourvoir elle-même à la sécurité et au bonheur de tous ses habitans, sans distinction de race, de nationalité ou de religion. Il n’y aurait plus de question d’Orient !