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Bismarck, il s’était rendu à Wilbad. Là il ne garda pas la neutralité recommandée par son souverain, et il nous fit, comme l’a raconté la reine Olga, « tout le mal qu’il put. » Il excita Warnbuhler à unir immédiatement les armes du Wurtemberg à celles de la Prusse, et il engagea vivement Greppi, l’ambassadeur italien à Stuttgart, à décourager son gouvernement de s’allier avec nous.

Du moins, du côté de la Russie, notre situation était nette, et nous n’avions pas sujet de nous faire illusion. Elle était beaucoup plus compliquée en Italie et en Autriche.


II

Avec l’Italie aucune conversation n’était même possible, tant que les Français occuperaient Civita-Vecchia. Cette occupation était un fait auquel un autre fait seul pouvait répondre. Et si nous ne nous décidions pas à opérer l’évacuation, il était superflu d’engager une conversation avec l’Italie ; elle nous eût opposé une fin de non recevoir. L’Empereur, contraint par cette évidence, écrivit à Gramont : « Mon cher duc, la guerre qui va commencer est trop sérieuse pour que nous ne rassemblions pas toutes nos forces. Il est donc indispensable de rappeler la brigade de Civita-Vecchia ; mais, avant de le faire, il faut en avertir la cour de Rome et demander en même temps à Florence des garanties pour la frontière. » (15 juillet.) Il notifia directement cette résolution à Victor-Emmanuel en lui proposant de reprendre les négociations pour la Triple Alliance qui n’avaient été que suspendues. Il était tellement convaincu qu’ayant écarté l’objection qui les avait fait échouer, elles arriveraient à une conclusion immédiate, qu’avant même d’avoir reçu la réponse du Roi, il pria Gramont de préparer un projet de traité à trois. Le 15 juillet, Metternich et Nigra, assistés, l’un de Vimercati, l’autre de Vitzthum, se réunirent aux Affaires étrangères. Ils partaient de ce point de vue que, bien que n’ayant pas de texte particulier, une alliance virtuelle et permanente existait entre l’Autriche, l’Italie et nous pour toutes les éventualités de guerre, et ils ne s’occupèrent que de rendre concrète cette alliance incontestée en principe. Un premier mode avait été proposé, celui de l’Empereur : un congrès qui trancherait en même temps que le conflit actuel, les questions pendantes depuis 1866. On préféra le système de Metternich : une