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du but véritable, le seul moyen de compléter nos armemens sans nous exposer à une attaque soit de la Prusse, soit de la Russie, avant d’être en mesure de nous défendre. »

Dans la lettre « au prince, » la neutralité était le but et avait uniquement en vue l’intérêt propre de l’Autriche. Dans la lettre « à l’ami, » elle n’est qu’un moyen ; le vrai but est de préparer la défense des intérêts solidaires des deux alliés.

Les termes de cette première partie de la lettre décisive bien pesés, il vous semble que tout est réglé, terminé, éclairci ? Détrompez-vous, lisez la fin de l’épître : « Il conviendrait aussi de résoudre immédiatement la question de Rome. La Convention de septembre, qu’on ne se fasse pas illusion à cet égard, ne cadre plus avec la situation. Nous ne pouvons pas exposer le Saint-Père à la protection inefficace de ses propres troupes. Le jour où les Français sortiront des États pontificaux, il faudrait que les Italiens pussent y entrer de plein droit et de l’assentiment de l’Autriche et de la France. Jamais nous n’aurons les Italiens avec nous de cœur et d’âme, si nous ne leur enlevons pas leur épine romaine. Et franchement, ne vaudrait-il pas mieux savoir le Saint-Père sous la protection de l’armée italienne que de le voir en butte à des entreprises garibaldiennes ?… Que l’empereur Napoléon place donc cette négociation romaine entre nos mains, qu’il nous laisse, aux yeux des populations italiennes comme aux nôtres, l’initiative d’avoir résolu le problème de Rome, et nous croyons lui promettre à notre tour que toutes les difficultés qui s’opposent encore à notre action commune disparaîtront. »

En même temps qu’il expédie ces deux lettres, il répond à celle du 17 de Gramont : « Mon cher duc, Bourgoing m’a apporté hier soir votre aimable lettre du 17. J’espère avoir demain une occasion pour y répondre à tête reposée, mais je n’ai pas voulu laisser partir le comte Hoyos sans vous envoyer un mot préalable de remerciement. Nous comprenons maintenant, grâce aux explications verbales et écrites que nous avons reçues de vous, la vertigineuse soudaineté de votre action ; vous comprendrez à votre tour et ferez comprendre à Votre Auguste Maître l’embarras dans lequel cette surprise a dû nous jeter. Comptez sur nous dans les limites du possible, mais ne vous imaginez pas que ma tâche soit facile. J’apprends avec plaisir qu’on a enfin commencé à nous délivrer de cette lèpre du