Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Victor-Emmanuel. Vimercati lui fit télégraphier par La Tour d’Auvergne : « Les dispositions du Roi auraient été insuffisantes à retenir son ministère, si je n’avais pris sur moi de promettre au président du Conseil que l’Autriche, par ses bons offices, viendrait partager la responsabilité de la France pour la question romaine. Arrivé à Vienne, j’ai trouvé l’Autriche entrée déjà spontanément dans cet ordre d’idées. L’Empereur m’a parlé lui-même dans ce sens. Si l’on décourage l’Autriche, l’opinion publique des deux pays rendra sa tâche et la nôtre très difficile, sinon impossible. Je rendrai compte moi-même à l’Empereur des raisons majeures qui m’ont empêché de suivre à la lettre ses instructions et m’ont obligé de m’écarter de ce qui était strictement convenu. La situation en Italie et en Autriche est toute différente de celle qu’on s’était imaginé à Paris. L’argent prussien n’a pas travaillé en vain dans les deux pays. »

Vimercati, habitué à la facilité de l’Empereur à se rendre aux sollicitations de l’Italie, sans attendre la réponse que recevrait son télégramme, se porta fort de son consentement auprès de Beust, et il arrêta avec celui-ci un projet en huit articles. Le préambule constatait l’identité des intérêts des deux puissances et leur décision de suivre une politique commune. Les articles 1 et 2 stipulaient l’alliance offensive et défensive jusqu’à la fin de la guerre ou plus longtemps, et la garantie mutuelle des territoires ; l’article 3 notifiait l’obligation de ne pas conclure de traités relatifs à la guerre avec d’autres puissances sans entente préalable, « étant naturel et entendu qu’elles se mettraient d’accord entre elles d’abord sur les démarches à faire ; » les articles 4 et 5 engageaient les deux souverains à déclarer leur neutralité, qui serait bienveillante à la France, et à mettre sur pied de guerre leurs armées, « aussitôt que faire se pourra ; » l’article 6 contenait pour les deux puissances, une fois suffisamment armées, l’obligation de concerter leur action commune, « soit en vue d’une médiation, soit en vue d’une entrée en campagne ; de s’entendre, en un mot, sur la marche politique et militaire à suivre ; » l’article 7 disait : « Dès aujourd’hui, l’empereur d’Autriche, roi de Hongrie, s’engage à interposer ses bons offices auprès de Sa Majesté l’empereur des Français pour obtenir non seulement l’évacuation immédiate des États pontificaux par les troupes françaises, mais aussi pour que cette évacuation se fasse dans des conditions conformes aux vœux et aux intérêts de