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l’Angleterre avant la fin, je n’avais pu en faire connaître les résultats[1].

La situation parlementaire créée par ces élections a été résumée ici même dans un excellent article de M. Jacques Bardoux[2]. Si les Unionistes avaient gagné sur leurs adversaires près de cent voix, la majorité gouvernementale n’en demeurait pas moins très forte. Les 670 membres qui composaient la nouvelle Chambre des Communes se divisaient ainsi : Ministériels, 397 ; Unionistes, 273 ; soit une majorité gouvernementale de 124 voix. Mais tandis que la minorité unioniste était homogène et solidement unie sous la direction de son habile leader, M. Arthur Balfour, la majorité ministérielle se décomposait, tout comme en France, en groupes ayant des chefs distincts. Le groupe le plus nombreux était celui des Libéraux, divisés eux-mêmes en libéraux, plus ou moins fidèles aux traditions de l’ancien parti Whig, et en radicaux, sans qu’il y eût cependant entre ces deux fractions du parti une limite bien précise. Les libéraux étaient principalement représentés dans le Cabinet par le premier ministre, M. Asquith, et par le ministre de la Guerre, M. Haldane, les radicaux par le chancelier de l’Echiquier, M. Lloyd George, et par le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, M. Winston Churchill, bien qu’il paraisse singulier de ranger parmi les radicaux un cadet de la grande famille des Churchill, un cousin germain du duc de Marlborough. Libéraux et radicaux réunis formaient un groupe de 275 membres, supérieur de deux voix seulement à celui des Unionistes. Mais la majorité ministérielle se fortifiait par le concours assuré du nouveau groupe appelé le Labour party, qui était également représenté dans le Cabinet par M. John Burns, le président du Local government Board, dont tout le monde est d’accord pour reconnaître la modération et la haute valeur.

Enfin il y avait encore le groupe des Nationalistes, c’est-à-dire des Irlandais, divisé lui-même en deux groupes, mais d’inégale importance, Redmondites et O’Brienites. Les Redmondites, au nombre de 72, marchaient, comme leur nom l’indique, sous la direction d’un chef aveuglément obéi, M. John Redmond, qui a pris, depuis 1901, la direction du parti irlandais, et réclame, comme autrefois Parnell, le Home Rule intégral, tel

  1. Voyez la Revue du 1er février 1910.
  2. Voyez la Revue du 1er avril 1910.