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aristocratique par son esprit et ses mœurs est, par ses institutions politiques, — les hommes d’État des deux partis le proclament à l’envi, — en train de devenir une démocratie.


V

Quelques jours après l’adoption, par la Chambre des Lords, des propositions de lord Rosebery et de lord Lansdowne, une note contresignée par les principaux chefs unionistes, tant à la Chambre des Lords qu’à la Chambre des Communes, déclarait officiellement que leur parti faisait siennes ces propositions et qu’elles constitueraient son programme aux élections prochaines. Ainsi la plate-forme électorale sur laquelle les Unionistes allaient se placer était nettement circonscrite et déterminée. La question constitutionnelle y figurait seule. Celle du Tariff reform, qui avait joué un grand rôle aux élections dernières, en était exclue. Cette question était devenue une gêne, car, d’un côté, l’incontestable reprise des affaires en Angleterre enlevait beaucoup de leur force aux argumens protectionnistes, et, de l’autre, un certain nombre de libre-échangistes, partisans des Lords, hésitaient à faire à la cause unioniste le sacrifice de leurs opinions économiques. Après avoir, dans un premier discours, à Nottingham, essayé de défendre le Tariff reform et de démontrer que la protection douanière ne ferait pas hausser le prix de la nourriture populaire, M. Balfour, dans un second discours prononcé, quelques jours après, à Londres, dans l’immense enceinte d’Albert Hall, changeait de terrain et se tirait habilement de la difficulté en s’engageant au nom du parti unioniste à soumettre la question douanière à un Referendum. La question constitutionnelle restait donc seule en ligne, et c’est sur cet unique terrain que la bataille entre les deux partis allait se livrer.

En fait, sinon légalement, la période électorale était ouverte, depuis la rupture de la Conférence. L’agitation allait croissant dans le pays et se traduisait par de nombreux meetings. Les incidens succédaient aux incidens et contribuaient à enflammer les esprits. Un de ceux qui firent le plus de bruit fut l’entrée en scène de M. Redmond.

Durant les vacances parlementaires, le chef du parti irlandais était parti pour les États-Unis dans l’intention, hautement avouée, de faire appel à la solidarité irlandaise et de réunir des