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sommes heureux de recueillir ces renseignemens, mais ils laissent entière la question que M. Barrès a posée au sujet des églises de village, dont le seul intérêt est dans le sentiment religieux qu’elles représentent. Où sera leur sauvegarde ? M. Briand a dit que, dans un certain nombre de communes, des catholiques avaient pris l’initiative de constituer des associations conformément à la loi de 1901 pour l’entretien des édifices cultuels ; il a manifesté le désir que ces associations se multipliassent ; il a même exprimé le souhait que ce mouvement devînt « irrésistible, » et que les catholiques renonçassent à s’adresser toujours à l’État au lieu de pourvoir eux-mêmes à leurs propres besoins. Reproche bien injuste, M. Denys Cochin n’a pas eu de peine à le montrer. S’il y a en France des citoyens qui, plus que les autres, aient créé des œuvres nombreuses et puissantes, ce sont les catholiques. Il est vrai que, leurs œuvres une fois créées, on les en a quelquefois chassés et spoliés, et c’est là peut-être ce qui les encourage médiocrement à faire de nouveaux sacrifices pour l’entretien d’églises sur lesquelles ils n’ont aucun droit. Ils voudraient au moins trouver quelque bonne volonté du côté des pouvoirs publics. » Pour ce qui est de l’administration, a déclaré M. le président du Conseil, — et il faut enregistrer ses paroles, — je vous le promets de la façon la plus formelle : bien loin de faire obstacle à la manifestation effective et régulière de ce zèle, elle l’encouragera, et j’ai confiance qu’il ne se trouvera pas de municipalité républicaine pour y faire obstacle. » Souhaitons que ce langage soit entendu de tous les maires, de tous les préfets, de tous les sous-préfets. Quand même l’intervention de M. Barrès n’aurait pas eu d’autre conséquence que de l’avoir provoqué, elle n’aurait pas été inutile.

Est-ce à dire que la question est résolue et que, partageant les espérances de M. le président du Conseil, nous la considérions comme telle ? Non certes, car les paroles ne sont que des paroles, et ici il faudrait des actes. On ne sortira vraiment des difficultés actuelles que si on rétablit les anciennes obligations municipales et si on assure la participation de l’État en rétablissant l’ancien crédit qui pourvoyait à l’entretien des églises. On le fera peut-être un jour, nous n’en sommes pas encore là. Le discours de M. Maurice Barrès n’est qu’un commencement. Toutefois, l’accueil qu’il a reçu de la Chambre et la faveur qu’il a trouvée auprès de l’opinion permettent d’espérer qu’il aura une suite.

La discussion du budget, avons-nous dit en commençant, est