Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/807

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ESQUISSES CONTEMPORAINES.




I.
AVANT LE DISCIPLE




« Quand je pause la revue de cette suite de livres déjà longue, je crois y reconnaître les étapes d’une conscience toujours on marche. »
(PAUL BOURGET, Lettre autobiographique, en tête des Extraits choisis, par M. Van Daell ; Ginn, Boston, 1894, p. 13.)


« Vous me demandez, ma cousine, si je connais Paul Bourget. Mais oui, ma cousine, je le vois assez souvent, et je l’aime beaucoup. — Et comment est-il ? — A peu près le contraire de ce que le public veut qu’il soit… Beaucoup se représentent l’auteur de Cruelle Énigme sous les espèces d’un délicieux jeune homme paré, coquet, affecté, efféminé et languide…

« Eh bien ! ce n’est pas ça du tout, ma cousine, — mais, là, pas du tout !

« Je vous le dis, parce que je le sais : il n’est pas d’esprit plus sérieux ni plus mâle que Bourget. Cet efféminé travaillé dix ou douze heures par jour. Ce dandy a une conscience et des préoccupations de prêtre. Pas une lettre d’adolescent en peine à laquelle il ne réponde gravement et longuement (et je vous assure, ma cousine, qu’il faut pour cela un fier courage). Ce