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LE


SOCIALISEME AGRAIRE


ET LE


METAYAGE EN ITALIE




Il y a longtemps que, dans plusieurs pays, théoriciens et praticiens du socialisme se préoccupent, à leur façon, de la question agraire. Le mouvement qui, selon la prédiction de quelques-uns, devait entraîner l’agriculture, après l’industrie, vers une concentration plus étroite, et la mettre entièrement aux mains des grands capitalistes, ne s’est pas produit, ou procède avec une lenteur et une irrégularité déconcertantes. Bien plus, l’exploitation du sol a pu devenir elle-même une industrie, sans qu’à ce changement économique répondît un changement social considérable. Les efforts que font les apôtres du socialisme pour gagner à leur cause les masses paysannes, pour créer et organiser un prolétariat agricole, se heurtent presque partout à des obstacles de fait bien plus irréductibles que ne peuvent l’être, certaines répugnances individuelles. Dans les campagnes, les deux groupes extrêmes des grands propriétaires et des ouvriers salariés se trouvent séparés, — ou plutôt réunis, — par la foule indistincte de ceux qui vivent de la terre ou même que la terre enrichit, sans que la plus subtile et la plus socialiste des classifications puisse les ranger exclusivement ni dans la catégorie des exploiteurs, ni dans celle des exploités : petits propriétaires ou petits possesseurs, qui cultivent le sol à leur guise, et à leur profil ; fermiers, métayers, ouvriers