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8 REVUE DES DEUX MONDES. de prisonniers chinois, les mains liées de cordes^ parmi lesquels, et fermant la marche, Prince-Fidèle, en vêtemens souillés et déchirés. — Place !... Faites place!... (Les prisonniers passent pour aller rejoindre les autres, qui attendent déjà leur tour d’exécution au pied de la muraille.) Lee-Phuang, aux femmes qui l’avaient interpellé. — Le der- nier qui arrive là! Regardez! regardez!... Celui qui marche la tête si fière : le plus grand chef des rebelles de Nang-King. Il se nomme Prince-Fidèle, c était le bras droit de la Déesse; au milieu de la bataille, tout le temps à ses côtés... La mercière, frappant sur son timbre. — Tous les caprices de la coquetterie dans mon étalage! Voyez, jeunes femmes; voyez, jeunes filles !... SCÈNE II PRINCE-FIDÈLE, LE GÉNÉRAL TARTARE. Le général TARTARE, Sortant de sa tente et saluant Prince- Fidèle, qui passe et ferme la marche du dernier groupe des condamnés. — Entrez ici, noble vaincu. Ne regardez pas là-bas. Chaque homme ne doit mourir qu’une fois, et vous, vous mourrez à chaque tête qui tombera. Ce supplice ne vous suffit donc pas, de devoir être la dernière victime?... Prince-Fidèle. — Ma présence, peut-être, les soutient, mes pauvres soldats, si simplement héroïques. Le général TARTARE. — Plutôt votrc souffrance s’ajoute à leur peine... Accordez l’honneur à un loyal ennemi de passer sous sa tente les dernières minutes de votre vie glorieuse... Vous êtes déjà au-dessus des petitesses du monde et des ran- cunes implacables. Prince-Fidèle. — Le glaive n’est pas responsable, ni même le bourreau. Le général TARTARE. — Pds même le général. (On attache les nouveaux prisonniers à des poteaux.) Prince-Fidèle. — Je n’ai pas de rancune... (Il entre sous la tente avec le général tartare.) Le général TARTARE. — Et moi, je n’ai pas d’orgueil. Je sais que les sages réprouvent la guerre et estiment que l’œuvre