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total de 533 000 tonneaux, dont un tiers environ convenait au transport des troupes à quelque distance. Il aurait donc embarqué à la fois 36 000 hommes. Pour atteindre les côtes les plus proches de Corée et jusqu’à Chemulpo, il fallait un jour de voyage. En comptant un jour pour l’embarquement, un pour le débarquement et un autre pour le retour, on aurait réalisé un débit quotidien de 9 000 hommes. Mais, en réalité, les départs furent beaucoup plus espacés, puisque, entre le 8 février et la fin de juillet 1 904, on ne compte que 288 720 hommes de transportés, ce qui ne donne que 1 600 par jour. Cela tient aux craintes encore inspirées à l’état-major nippon par la flotte de Port-Arthur. On attendait pour se mettre en route qu’une nouvelle attaque de Togo immobilisât momentanément les bateaux ennemis.

D’autre part, le règlement japonais sur le service en campagne fixe comme suit les effectifs embarquables pour plus de quarante-huit heures : un bataillon (environ 2 000 hommes), prend 1 800 tonneaux de déplacement, un escadron de cavalerie 1 000 tonneaux, une batterie de campagne 900, une compagnie du génie 550. Pour moins de quarante-huit heures, on peut réduire de moitié les tonnages.

Ouvrons maintenant l’Annuaire du bureau Veritas ; nous y trouverons pour les seuls vapeurs de commerce allemands, et parmi ceux-là pour ceux qui dépassent 100 tonnes de jauge nette, 1 356 bâtimens, faisant ensemble 3 763 871 tonneaux.

En admettant donc que les plus petits bateaux ne soient pas utilisés, nous constatons chez nos voisins une capacité théorique de transport très considérable (le chiffre anglais des capacités de transport ci-dessus correspondrait ici à plus de 750 000 hommes et les chiffres japonais à beaucoup davantage). En supposant qu’une part seulement puisse être employée, il resterait de quoi porter à la fois, au même point, des centaines de mille hommes.

L’avenir est certainement destiné à multiplier les bateaux de commerce. Déjà la marine anglaise, dans la catégorie des vapeurs jaugeant net plus de 100 tonnes, compte, avec 6 411 unités, 17 189 989 tonneaux, c’est-à-dire plus de quatre fois et demie autant que l’allemande. On voit que ce n’est pas l’instrument maritime qui fera défaut. On voit aussi quelles masses pourraient être mises en jeu.

Les difficultés, il est vrai, viennent de la mer elle-même, de