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FOGAZZARO

C’était un catholique convaincu, ardent, fervent ; avec une âme luthérienne ; avec une imagination amoureuse et romanesque ; avec un goût très vif pour la réalité amusante et même comique.

Certes, il est complexe ; c’est pour cela qu’il est très intéressant. Les hommes complexes, dans la proportion de quatre-vingt-dix-neuf sur cent, ne réussissent qu’à être incohérens ; le centième, on ne sait trop pourquoi, par un don intérieur de faire plus ou moins bien concerter ses richesses divergentes, est un homme de génie ou de grand talent. Fogazzaro a été un homme de grand talent.

Il était catholique inébranlable, catholique, et c’en est la marque, jusqu’à l’humilité, jusqu’à la soumission, jusqu’à l’abdication. Il Santo condamné à Rome et cette condamnation pleinement acceptée par Fogazzaro le prouvent avec éclat. Ce jour-là, Fogazzaro a été sûr d’être catholique. Les catholiques qui n’ont pas eu un livre condamné à Rome ne sont pas absolument sûrs d’être catholiques, puisqu’ils ne le sont pas de la manière dont ils recevraient cette condamnation.

Il le fut toujours, depuis son enfance, — pendant laquelle il fut élevé, détail qui a son importance, par un prêtre très pieux et très humaniste, — jusqu’à son dernier soupir. Dans Il Santo lui-même, œuvre de scandale, je le dis sans ironie, encore qu’œuvre admirable, « le Saint » porte-parole de l’auteur, « le