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fondre l’ensemble et l’adoucir ? Il est possible, et je n’en sais rien. Pour le savoir, il faudrait être franco-italien comme Stendhal et peut-être plus et avoir la connaissance minutieuse de la vie italienne et du « petit monde » italien, et encore avoir autant d’esprit que Goldoni ou Fogazzaro, puisqu’on crée autant les excentriques qu’on les aperçoit et puisque plus on a d’esprit plus on trouve de caractères originaux.

Je ne sais donc pas ; je suis sûr seulement que ces originaux sont en haut relief et sont les plus divertissans du monde.

Cet homme était très richement doué. Ne le mît-on pas très haut dans l’échelle et ne voulût-on pas lui donner le nom de grand romancier, il faudrait encore reconnaître qu’il est un romancier complet, ce qui est une chose extrêmement rare. C’est cela surtout qu’aujourd’hui j’ai voulu mettre en lumière.

Pour ce qui est de la haute probité, de la moralité passionnée, de la ferveur d’idéalisme, du dessein constant d’élever et d’épurer les âmes tout en récréant les esprits, tout le monde a signalé cela chez Fogazzaro, et je n’avais pas à y insister. Je me borne à le rappeler en finissant. Lo sdegno d’ogni vilta, le mépris de toute bassesse, c’est une belle devise de romancier. C’est du reste une belle devise de n’importe qui.


EMILE FAGUET