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CHEMINS DE FER DE TUNISIE

C’est l’inauguration d’une ligne de chemin de fer, la ligne de Sousse à Sfax, qui vient de fournir à M. le Président de la République l’occasion de son voyage en Tunisie, au mois d’avril de cette année 1911. C’est la nécessité impérieuse de dépenses complémentaires de chemins de fer qui justifie l’emprunt de quatre-vingt-dix millions dont les Assemblées Tunisiennes ont voté le principe dans leur dernière session et qui sera prochainement soumis à l’approbation du Parlement. Or, déjà, en deux emprunts successifs et en moins de dix ans, le Protectorat a consacré près de deux cents millions à son réseau ferré. Une activité aussi constamment concentrée sur le même objet, une volonté aussi arrêtée de s’outiller rapidement en moyens de transport dénotent en Tunisie un développement exceptionnellement rapide des facultés de production et des besoins qui en sont la conséquence. Suivre les progrès de son réseau, c’est en fait connaître, depuis trente ans, son évolution économique.

Le chemin de fer de Tunisie possède, entre autres particularités, celle d’avoir toujours eu, différente suivant les temps et les inspirations publiques, son idée directrice. Nos excellens chemins de fer français veulent être, sans arrière-pensée, « des chemins qui marchent et qui portent où l’on veut aller, » et ils y parviennent, hormis le temps de grève, ou le cas fortuit. Les chemins de fer tunisiens ont eu dans leur histoire une double visée : à l’origine de fournir à la diplomatie française son meilleur instrument de travail, aujourd’hui d’être simplement de bons chemins de fer miniers, transportant nuit et jour, de la mine au port, le poussier rouge du minerai de fer et la poudre grise du phosphate. Etre un chemin de fer minier, ceci n’a