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recettes d’exploitation ont été de treize millions de francs, la subvention du gouvernement français de 1 900 000 francs ; quant au gouvernement tunisien qui supporte l’intérêt et l’amortissement d’une somme de soixante millions, sa part dans le produit net s’est montée à 2 700 000 francs.

C’est historiquement que s’explique la complication du régime : quand les premières lignes tunisiennes furent concédées, en 1876, l’intérêt politique de la Métropole, comme la situation des finances locales, exigeait qu’elles fussent construites à l’aide de capitaux français. Ce furent les actionnaires et obligataires de la Compagnie Bône-Guelma qui les fournirent, moyennant l’engagement pris par le gouvernement français d’une garantie de revenu. Vinrent dix années de protectorat : les finances de la Tunisie se fortifièrent, et parallèlement décrut l’intérêt de la France à s’assurer une mainmise directe sur un nouveau réseau tunisien. Quand il fallut, en 1894, construire les lignes côtières du Sahel et de Bizerte, la Tunisie y employa les 25 millions d’économies qu’une sage gestion financière lui avait permis d’amasser. Pour son réseau minier du Centre et du Nord, elle recourut en 1902 et en 1907 aux fonds d’emprunt. On eut dès lors le régime qui est celui de toutes les concessions récentes : un réseau construit et armé aux frais de l’État, affermé pour un temps limité à une Compagnie exploitante, moyennant rémunération stipulée par contrat. Quant au réseau de Gafsa, construit aux frais de la Compagnie sans garantie d’intérêt ni association de l’Etat aux bénéfices, il constitue l’exemple d’une troisième combinaison financière qui restera sans doute exceptionnelle.

Le réseau le plus ancien, établi aux frais du concessionnaire avec la garantie de l’Etat français, comprend la ligne de la Medjerdah, fragment du Tunis-Alger, et ses embranchemens, au total 220 kilomètres de voies ferrées. L’élévation relative de son capital d’établissement en rend, dans l’état présent du trafic, la rémunération intégrale impossible à assurer avec les seules recettes. Le produit net, qui en 1900 était de 389 000 francs ou de 1, 05 pour 100 du capital engagé, atteignait 1 050 000 francs ou 2, 83 pour 100 en 1909. Comme tel, il était encore insuffisant à couvrir le revenu garanti au concessionnaire et la différence, 1 280 000 francs, était parfaite par un versement du Trésor. Par deux conventions, en date de 1902 et de 1910, l’Etat français s’est