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plus dévastateurs dans l’Église évangélique que parmi les catholiques. »

« En quoi le Culturkampf a-t-il nui à l’Eglise de Rome ? reprenait un autre organe du protestantisme orthodoxe, le Reichsbote. Rome est plus forte que jamais, et nous sur le Rhin, qui, sans lunette progressiste, éprouvons et voyons tous les jours sa puissance et son éclat, nous secouons la tête aux discours (Kulturreden) de nos aveugles agitateurs. Le seul appui de l’Etat serait une forte Eglise évangélique, et cette Eglise est toujours sur la pente de la décadence, elle devient toujours plus petite, plus misérable, vis-à-vis de cette Rome. »

Il se trouvait des pasteurs, assurément, pour commenter à Guillaume ces réflexions moroses ; il avait grandi la Prusse, fortifié l’Etat, mis sur sa tête une seconde couronne, tout cela « par la grâce de Dieu ; » mais dans son Eglise, la foi au Christ s’éclipsait ; dans son royaume, des lois par lui signées, comme celle sur le mariage civil, vidaient les temples du Christ. Tel était le résultat du Culturkampf, de cette partie politique dans laquelle Bismarck s’était allié, et parfois enchaîné, à une majorité parlementaire toujours détestée de l’Empereur.

Mais depuis qu’en 1875 Maltzahn et quelques conservateurs, dans un accès de colère contre Rome, étaient entrés dans cette majorité, il y avait, dans l’équilibre parlementaire, quelque chose de changé. Ce Maltzahn, le jour même où il avait apporté au chancelier l’hommage de sa résipiscence, avait sévèrement critiqué la façon dont Falk gérait l’Eglise évangélique. Il était intervenu tardivement aux côtés de Bismarck, pour l’un des épisodes de la bataille contre l’Eglise ; il avait paru, lui conservateur, faire, avec quelques amis, amende honorable au chancelier. Les conservateurs, cependant, une fois réintégrés dans la majorité, n’essaieraient-ils pas d’imprimer à la politique quotidienne une impulsion singulièrement différente de celle qu’avait fait prévaloir le parti national libéral, le parti fanatique du Culturkampf ? Précisément, en juillet 1876, ils esquissaient un programme de gouvernement ; ils y déclaraient que le maintien et le raffermissement des institutions chrétiennes et ecclésiastiques leur apparaissaient comme nécessaires, en présence de la sauvagerie croissante des masses et de la dissolution progressive de tous les liens sociaux. Le Culturkampf, continuaient-ils, est exploité par le libéralisme comme une lutte contre le