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condamne la violence et l’injustice, mais impose le courage comme la vertu première de l’homme. Dans la pensée de Zoroastre, on sent la présence continue du monde invisible, des hiérarchies cosmiques, mais toute l’attention est portée sur l’action, sur la conquête de la terre, par la discipline de l’âme et l’énergie de la volonté.

Le prophète inspiré de l’Albordj prit l’habitude de noter ses révélations intérieures sur une peau de mouton avec un stylet de bois trempé dans le feu, sous la forme des caractères sacrés que lui avait enseignés Vahoumano. Plus tard des disciples notèrent ses pensées ultérieures sous sa dictée, et cela devint le Zend-Avesta, écrit d’abord sur des peaux de bêtes comme devait l’être le Koran des Arabes, et conservé dans une sorte d’arche sainte en bois de cèdre, renfermant la cosmogonie, les prières et les lois avec les cérémonies du culte.


III. — LE GRAND COMBAT ET L’ANGE DE LA VICTOIRE

Lorsque, après dix ans de solitude et de méditation, Zoroastre revint dans sa tribu natale, les siens le reconnurent à peine. Une flamme guerrière sortait du mystère de ses grands yeux, et une autorité souveraine émanait de sa parole. Il convoqua sa tribu et les tribus aryennes voisines pour les inciter à la guerre contre les Touraniens, mais en même temps il leur annonça sa révélation, le Zend-Avesta, le verbe vivant, la parole d’Ormuz. Cette parole devint le centre animateur de son œuvre. Purification, travail et combat, telles en furent les trois disciplines. Purification de l’esprit et du corps par la prière et le culte du feu, « ce fils d’Ormuz, » comme il l’appelle, du feu qui renferme le premier souffle de Dieu. Travail de la terre par la charrue et culture des arbres sacrés, cyprès, cèdre, oranger ; travail couronné d’amour, avec l’épouse prêtresse au foyer. Combat contre Ahrimane et les Touraniens. La vie des Aryas sous Zoroastre fut ainsi une perpétuelle veillée des armes, une lutte incessante, adoucie et rythmée par les travaux des champs et les joies mâles du foyer. Les hymnes à Ormuz embellissaient le sacrifice quotidien du feu. La cité primitive fondée par Zoroastre fut une cité en marche, une cité de combat. On semait l’arc en main et le javelot fixé à la ceinture, on labourait sur le champ de bataille, on moissonnait aux jours de repos. On n’avançait