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à Canossa, il courait à Varzin finir sa vie. Guillaume le rattrapait. Bismarck consentait à rester en fonctions ; mais, le 16 avril 1877, il parlait pour un « long voyage. »

Il regarderait, de loin, traîner la lutte religieuse, et les désirs de paix s’agiter dans le vague ; et rien de neuf ne se produirait, rien de décisif, parce qu’il ne serait pas là. Il laissait Falk derrière lui ; aucune concession à l’Eglise n’était à craindre. Chaque fois qu’on se plaignait d’un abus ou d’un excès, Falk répondait : C’est la faute aux évêques ; ou bien : C’est la faute aux catholiques. C’était leur faute, d’après lui, si le patron d’une paroisse catholique commettait l’étrangeté d’y installer comme curé un ecclésiastique vieux-catholique ; leur faute, encore, si certains fonctionnaires se laissaient aller à des intempérances d’arbitraire, dont Virchow lui-même s’alarmait. Ne léser les lois pour l’amour de personne, et moins encore pour l’amour du Centre : tel était le programme de Falk. Sa logique se faisait toujours plus courte, sa poigne toujours plus rude. On revisera les lois, disait-il, lorsque les catholiques s’y seront soumis. D’adoucissement, même, il ne voulait pas entendre parler : « Pour que le gouvernement entre dans cette voie, signifiait-il à Schorlemer, donnez-lui la preuve que la suppression de certaines duretés et de certaines misères pourrait mettre fin à toute la lutte. » Il ajournait toute révision, il ajournait tout tempérament, et ne démentait pas, du reste, ceux qui critiquaient la dureté des lois. Il n’était plus personne, ou presque personne, qui en fit l’éloge : certaines feuilles écoutées, comme la Gazette de Silésie, surprises et presque émues par la fidélité du clergé à la hiérarchie, assuraient de leur pleine estime, avec quelques circonlocutions, ces prêtres que Falk qualifiait de rebelles ; dans les propos mêmes de Falk, Ketteler notait le sentiment que « par les voies présentement suivies, l’Etat n’arriverait pas au but ; » l’État commençait de reconnaître médiocres les lois que l’Eglise continuait d’affirmer mauvaises.

Mais l’Etat n’obéissait-il pas, dès lors, à une poussée d’amour-propre, plutôt qu’au souci du bien public, en continuant de faire souffrir le peuple et l’Eglise, au nom de ces lois ? Pourquoi demandait-il à l’Eglise de s’incliner aujourd’hui devant une législation réputée défectueuse, et que demain il consentirait à modifier ? Les catholiques répondaient par une autre formule, qui semblait faire pendant et faire échec aux