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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : Le Voile du bonheur, comédie musicale en deux actes, d’après la comédie de M. Georges Clemenceau, par M. Paul Ferrier ; musique de M. Ch. Pons. — La Jota, conte lyrique en deux actes, paroles et musique de M. Raoul Laparra. — THEATRE DE L’OPERA : reprise de Gwendoline, opéra en deux actes de Catulle Mendès et Emmanuel Chabrier.


Nous voilà, comme chaque année, à l’époque des grandes invasions musicales. Russes, Italiens, Allemands, se partagent notre Paris, qui ne s’entend presque plus lui-même. Mgr Perosi nous est revenu, — bienvenu toujours, — avec un oratorio nouveau, pour la France du moins, le Jugement universel. Félix Weingartner a dirigé les neuf symphonies de Beethoven. On ne nous convia point à ses concerts. Mais, de confiance, et de souvenir, nous répondons que « c’était merveille de le voir, merveille de l’ouïr. » Les neuf sœurs ont en lui un frère. La Russie a paru, cette fois, un peu faible. Les jours, les beaux jours de Boris ne sont plus. Il est vrai que, personnellement, nous sommes plutôt mal tombés : sur une représentation de lendemain, ou sur un lendemain de représentation. L’ouvreuse qui nous introduisit dans une salle à demi déserte, nous assura que Mme Litvinne et M. Smirnof avaient chanté la veille, en russe. Mais ils ne chantaient plus. Et ce que d’autres, tout autres, chantaient, en français peut-être, c’était, sous le nom de la Roussalka, de Dargomijsky, la musique la plus vieillotte, la plus pâlotte, la plus falote qui se puisse imaginer, pauvres échos des plus faibles ouvrages de l’époque italo-française de 1830. Au dire des historiens (de notre savant confrère Soubies entre autres,) Dargomijsky fut un grand musicien. Le Convive de pierre, son dernier ouvrage, en témoigne, paraît-il, avec éclat. Si la Roussalka même, de beaucoup antérieure, donne quelque sujet de le croire, ce doit être ailleurs qu’au premier