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chaires qui avaient un long et glorieux passé. Il faut pourtant s’entendre sur ce point. En renonçant passagèrement à des enseignemens de ce genre, le Collège de France n’entend pas déclarer qu’il les considère comme surannés ou qu’il a l’intention de les abandonner. Seulement, comme il lui est impossible, à moins de s’étendre au-delà de toute mesure, d’accueillir les enseignemens nouveaux, tout en conservant les anciens, il est contraint souvent à des sacrifices. En pareille matière, il ne peut y avoir de principes absolus. Chaque cas particulier doit être examiné en lui-même, la question étant de savoir si le sacrifice à faire momentanément est compensé par l’avantage de l’acquisition nouvelle. D’une manière générale, la tendance du Collège doit être d’incliner vers la nouveauté. Mais il va sans dire qu’il diminuerait singulièrement son autorité, s’il se réduisait peu à peu à n’être plus qu’un groupement de spécialités sans cohésion. Le rôle qu’il est appelé à jouer exige que les études fondamentales y soient toujours fortement représentées. Pour apprécier les recherches nouvelles, il lui faut une majorité de savans capables d’embrasser du regard l’ensemble des grandes provinces scientifiques.

Une seconde condition importante, c’est que les cours n’y soient pas assujettis à une discipline uniforme. Le principe étant que l’enseignement du Collège a pour objet, non de développer un programme quelconque, mais de faire connaître à un public choisi les résultats des recherches de ses professeurs, le nombre et la forme des leçons doivent évidemment correspondre à la nature particulière de ces recherches. Donc, à côté de celles qui s’accommoderont de la chaire professorale et de l’amphithéâtre, d’autres seront plus utilement faites dans les laboratoires, dans les musées, ou encore sur le terrain. Certains enseignemens comporteront des exposés étendus, d’autres, en raison de leur nature même, se condenseront davantage. Mais ces distinctions ne seront pas faites d’avance, une fois pour toutes. Car elles ne doivent pas dépendre seulement de la diversité des chaires, mais aussi et surtout des sujets traités. S’il ne faut pas que les recherches personnelles absorbent toute l’activité du professeur et le dispensent d’enseigner, il ne convient pas non plus que l’enseignement l’empêche de poursuivre des travaux qui doivent en faire toute la valeur. Du moment qu’on s’accorde à écarter du Collège de France la simple