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qu’il y a des facteurs organiques, corporels, médicaux de la responsabilité sociale.

C’est dans ce sens médical que je prendrai toujours le mot « responsabilité ; » je ne parlerai jamais que d’une responsabilité dont l’appréciation et la mensuration appartiennent au seul médecin ; c’est la responsabilité dont on peut dire sans offusquer ni heurter personne qu’elle est fonction de la normalité des neurones psychiques.

Cette formule synthétique veut dire que, pour qu’un sujet soit entièrement responsable de ses actes, il faut que ses neurones psychiques soient tout à fait normaux.

On comprend dès lors que, quand les mêmes cellules cérébrales sont tout à fait malades, le sujet n’est pas responsable du tout ; c’est ce qui arrive par exemple dans le cas cité plus haut de paralysie générale. Mais on comprend aussi que ces neurones peuvent être partiellement et plus ou moins profondément atteints, que, dans ces cas, leur fonction-responsabilité, sans être abolie, est altérée : le sujet n’est pas alors irresponsable, mais il n’est pas normalement responsable : il a une responsabilité atténuée.


Ceci bien compris, il paraît facile de montrer qu’en fait, la responsabilité atténuée existe : il y a des criminels dont la responsabilité n’est ni normale, ni abolie ; il y a des criminels demi-fous.

Comme exemple et démonstration, je citerai tous les débiles mentaux, qui apparaissent d’abord inéducables, puis insociables, souvent antisociaux, amoraux, qui passent leur jeunesse à faire le malheur de leur famille, qui désertent le régiment et oscillent, toute leur vie, entre la prison, l’hôpital, l’asile et les pires sociétés.

Ces débiles mentaux sont en général des héréditaires, mais des causes multiples, la plupart évitables, en font des criminels.

Naturellement, ils sont paresseux, inattentifs, ont de mauvais instincts, « chapardent » volontiers, se font renvoyer de toutes les écoles, sont rebelles à toute éducation et à toute discipline. Mais ils sont très suggestibles et se laissent facilement influencer par les bons ou les mauvais conseillers.

Si alors la famille ne donne pas de bons exemples et ne fait pas donner de bons principes, si le père est un ivrogne et