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souvent sur toutes ces questions, cite l’exemple de l’épileptique commettant un crime en dehors de ses crises et ajoute : « Je considère que, dans une telle situation, on est en droit de dire que sa responsabilité est atténuée, ce qui veut dire : le malade que vous me présentez est un malade qui a commis un crime ou un délit, non pas sous l’influence d’un mobile pathologique mais sous l’influence d’un mobile ordinaire. Seulement, en vertu de son état pathologique, il présente une puissance de résistance moindre. Voilà une situation qui me paraît particulière, très différente de la situation des criminels que j’appelais tout à l’heure irresponsables, bien différente aussi de celle des responsables. A côté de l’épileptique, je pourrais placer l’alcoolique agissant, non pas sous l’influence de l’hallucination, mais recevant par exemple une injure de son voisin et ripostant avec plus de véhémence et de vivacité, précisément par ce que les habitudes alcooliques ont engendré chez lui une certaine irritabilité… Voilà des cas qu’il faut placer dans une catégorie intermédiaire entre ce que nous qualifions de pleine responsabilité et d’irresponsabilité. »

De même, le professeur de clinique mentale de la faculté de Bordeaux, Régis, écrit : « Les partisans les plus convaincus de l’irresponsabilité absolue des aliénés ont admis eux-mêmes, en termes formels, la responsabilité simplement atténuée des demi-aliénés et J. Falret a dit à cet égard : Ce sont là des états mixtes, intermédiaires entre la raison et la folie, dans lesquels il est permis de discuter le degré de responsabilité, d’admettre la responsabilité entière ou la responsabilité atténuée selon les cas et où il n’y a pas lieu d’appliquer le critérium de l’irresponsabilité absolue… Il nous semble difficile de ne pas se rallier à l’opinion si juste de Falret. » Et M. Régis continue : « L’humanité, disais-je aux jurés dans un procès récent, ne se divise malheureusement pas, psychologiquement, en deux catégories tout à fait distinctes : d’un côté, les sains d’esprit entièrement responsables ; de l’autre, les aliénés entièrement irresponsables. Entre les deux, existe une vaste province, dite zone frontière ou mitoyenne, peuplée d’individualités tarées à divers degrés et comportant, par suite, des responsabilités très différentes. Bien qu’on ne puisse pas mesurer le degré de responsabilité de ces intermédiaires au millimètre, on peut cependant établir pour eux, à ce point de vue, comme une