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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE PÉNITENTE FRANCISCAINE :
SAINTE MARGUERITE DE CORTONE


In Excelsis, par JOHANNES JŒRGENSEN, 1 vol. in-8e. Copenhague et Kempten, 1910.


Foligno au Sud, Cortone au Nord : entre ces deux cités se déploie l’Ombrie, qui servit de décor à la première manifestation de l’évangile franciscain. Ou plutôt le voyageur qui arrive à Cortone a déjà laissé derrière soi le territoire propre de l’Ombrie, pour mettre le pied en terre toscane. La vallée de la Chiana, que domine Cortone du haut de sa montagne, lui fait voir un caractère tout différent de celui que lui avait montré la plaine ombrienne. Sont-ce peut-être les groupes nombreux de cyprès, sont-ce les arêtes plus vigoureuses des montagnes qui modifient ainsi l’aspect du paysage, lui prêtant cette physionomie plus imposante et solennelle, mais moins douce et moins humble, que nous révèlent également les régions voisines de Florence, le Val d’Arno, le Casentin, et le Val d’Elsa ? Tout de suite nous observons que les Apennins se rehaussent, profilant à l’horizon des cimes de plus en plus élevées jusqu’à celles du Mont Falterone et du Mont Alverne ; et nous pouvons même apercevoir, de Cortone, les vagues ombres du Mont Cetona et du Mont Amiata, qui se dressent là-bas très loin, du côté de Sienne.

C’est vers l’an 1211 que saint François d’Assise est venu à Cortone ; et parmi les premiers hommes qui, dans cette ville, se sont attachés à lui et se sont faits ses disciples, il s’en est rencontré deux d’une nature et d’une destinée infiniment différentes. L’un était un jeune homme riche, Guido Vagnotelli, qui était devenu moine franciscain après avoir donné aux pauvres tout ce qu’il possédait ; l’autre était ce plébéien à la fois passionnément avide de science et de pouvoir, le frère Elie, qui plus tard allait exercer une influence fatale sur les progrès de l’ordre tout entier. Un peu