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de Luxembourg « les terres et seigneuries de Châlus en Vermandois, pour le prix et somme de dix-sept mille écus d’or au soleil et cinq mille livres tournois en monnaie. » Nous la voyons encore obliger de ses libéralités ses parens et ses amis. Elle prête de fortes sommes en 1506 à son oncle Jean d’Albret, à sa tante Françoise d’Albret, en 1507 à son cousin Louis de Bourbon, en 1508,1509 et 1510 à divers marchands de Tours, à un orfèvre de Blois, à Jacques de Beaune-Semblançay, général des finances, au seigneur de Maupas, à Nycolas le Mercier, son propre valet de chambre.

Le 11 mars 1513 (en réalité le 11 mars 1514, car l’année commençait alors à Pâques, et Pâques tombait le 27 mars), usée par le chagrin, Charlotte de Valentinois s’éteignit à peine âgée de trente-deux ans. Ce jour même, sentant la mort venir, elle avait dicté ses dernières volontés à messire André Richomme, prêtre, et à Martin Amison, tous deux « clers, jurez et notaires du scel, » en présence de son médecin « honorable homme et sage maître Sébastien Coppain, licencié en médecine. » Ce testament est aujourd’hui encore conservé à la Bibliothèque Nationale.

Après avoir donné son âme à Dieu et l’avoir recommandée à la Vierge Marie et à monsieur Saint Michel l’Ange pour qu’ils soient envers Notre-Seigneur Jésus-Christ ses intercesseurs, la duchesse dicte la forme de son enterrement, le nombre et le prix des messes qui y seront dites. Elle demande à être ensevelie dans son cher couvent de Bourges, « au lieu et monastère de Notre-Dame la Nonciade, que a fondé feue madame la duchesse de Berri, » à l’exception de son cœur et de ses entrailles qui demeureront en l’humble église de la Motte-Feuilly. Elle institue sa fille son héritière unique et universelle et ordonne qu’elle soit conduite à Mme d’Angoulême, Louise de Savoie, la mère du futur roi François Ier, qui prendra possession de tous ses biens et les lui gardera en toute ; sécurité. Elle désigne l’aumônier et les dames qui constitueront la maison de la pauvre orpheline et fixe d’avance leurs gages.

C’est à la suite de cette mort que, le 12 mai 1514 et jours suivans, maître Jacques Dorsanne, licencié en droit, conseiller du Roi, lieutenant, au siège et ressort d’Issoudun, de messire Pierre Dupuy, bailli et gouverneur du Roi en Berry, assisté de Geoffroy Jacquet, orfèvre juré de Blois, procéda, à la requête et