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CHATEAUBRIAND
ET
SES RÉCENS HISTORIENS

Heureux prestige du talent littéraire ! A peine la nouvelle s’était-elle répandue que M. Jules Le maître, en l’an de grâce 1912, consacrerait à Chateaubriand une série de conférences que, de tous côtés, l’on vit surgir des articles et des livres sur l’auteur d’Atala. D’importans travaux que nous réclamions — en vain — depuis bien des années se sont hâtés devoir le jour. Quel intérêt nous offrent ces principales publications ? Qu’ajoutent-elles de nouveau à l’idée que nous nous formions jusqu’ici de René ? C’est ce que je voudrais rechercher ici.


I

« Quand on songe, — écrivions-nous il y a deux ans à peine, — avec quelle piété les Allemands ont constitué les Archives de leur Gœthe, collectionné jusqu’à ses moindres autographes, édité ses œuvres, et quel bruit, tout récemment encore, ils ont fait de la découverte d’une première version de Wilhelm Meister, on est un peu honteux, pour l’honneur littéraire de la France, que nous en soyons encore à attendre une édition quelconque de la Correspondance générale de Chateaubriand. Ignorerions-nous par hasard que Chateaubriand est, en France, un aussi grand nom que Gœthe en Allemagne ? Et serions-nous, peut-être, trop riches en chefs-d’œuvre ? » Puisque M. Louis Thomas a bien voulu s’approprier ces quelques lignes pour présenter récemment