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Magyars menèrent contre son système. Il donna sa démission et le Rescrit fut rapporté.

Cet échec de l’action tchèque pour obtenir l’indépendance nationale détermina Palacky à se retirer de la lutte. Il résigna ses mandats de député à la Diète de Bohême et de membre de la Chambre Haute de Vienne. Il écrivit, en 1874, son Testament politique où il résume les principales phases que la Bohème a traversées depuis 1848. Il avoue les erreurs que le parti national tchèque a commises : il eut une trop grande confiance dans l’appui de la noblesse, il fit trop fond sur le sentiment de justice des Allemands. Attristé de voir se substituer à l’absolutisme d’un prince l’absolutisme d’une race qu’il regardait comme l’ennemie de la race slave, il laisse tomber le mot amer : « La Bohême et la nation tchèque existaient avant l’Autriche, elles subsisteront après elle. »

Il ne perdit jamais foi dans l’avenir de la Bohême autonome. Il aimait à citer des exemples tirés de l’histoire universelle prouvant que les destinées des nations sont déterminées plutôt par le degré de la civilisation que par la force numérique du peuple. Appliquant cette règle à la Bohème, il répétait que les alternatives de prospérité et de décadence qui se succédèrent dans ce pays avaient toujours correspondu au degré de l’instruction du peuple. « Tachons donc, ajoutait-il, de nous élever surtout moralement et intellectuellement, ne recourons jamais à la force brutale. Voilà le moyen d’assurer notre ; existence nationale et de reprendre un jour, dans la vie et dans l’histoire, la place qui nous appartient de droit. »

Le programme politique que Palacky laissa à la nation tchèque est un legs précieux. Si ce programme, qui poursuit le rétablissement du droit historique de la Bohême dans une Autriche transformée en un Etat fédéraliste, ne pouvait encore être réalisé de son temps, il n’est pas démontré qu’il ne le sera jamais. Dans la vie des nations les idées, pour mûrir, ont besoin de beaucoup de temps.


Parmi les nombreuses créations nationales et civilisatrices dont Palacky prit l’initiative ou qui se développèrent sous son influence, il convient de citer la Revue du Musée du royaume de Bohême, fondée en 1827. Lorsqu’il fut question de la publication des premiers fascicules tchèques de ce recueil, le Comité