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exprima des doutes sur la possibilité de trouver en Bohème assez de lecteurs pour une revue scientifique rédigée en langue tchèque. Palacky, indigné du peu de foi qu’il trouvait chez ses confrères, s’écria : « Si je descendais d’une famille de tziganes, et que je fusse le dernier représentant de ma race, je considérerais comme mon devoir de travailler de toutes mes forces à ce qu’elle laissât un souvenir honorable dans les annales de l’humanité. » Il enleva le vote à l’unanimité, et cette publication est encore aujourd’hui la source la plus précieuse de renseignemens et d’informations pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Bohème et à sa littérature ancienne et moderne.

La Matice ceskâ (la Mère tchèque) est une autre fondation nationale due à l’initiative de Palacky. Cette société facilita la publication des plus important travaux littéraires tchèques, comme le Dictionnaire de Jungmann, les Antiquités slaves de Safarik, l’Histoire du peuple tchèque de Palacky. Elle commença en 1840 la publication en traduction autorisée des chefs-d’œuvre des littératures étrangères.

Palacky contribua ensuite à la fondation de l’Archiv cesky (les Archives tchèques) et de l’Institut archéologique du Musée de Bohème. Il est enfin l’un des fondateurs du Svatoborv société de secours, créée pour les écrivains tchèques, leurs veuves et orphelins.


L’idée d’élever un monument à la mémoire du grand historien et patriote prit naissance au lendemain de sa mort. Le 21 juin 1876, le Conseil municipal de Prague vota la première annuité de 10000 couronnes, qui fut portée peu après à 20 000. Un comité fut constitué qui se chargea de la direction des travaux. Les projets et l’exécution du monument sont dus à un grand artiste tchèque, M. Stanislas Sucharda, statuaire, et à M. Aloïse Dryak, architecte. Les frais de construction s’élèvent à 570000 couronnes, à peu près 600 000 francs. Les travaux d’architecture sont exécutés en granit de Bohème ; les groupes décoratifs sont en bronze. Seule la statue de Palacky est taillée dans le granit.

Le monument, qui se dresse dans l’axe du pont Palacky, consiste en un vaste hémicycle, au milieu duquel s’élève un pylône massif. Palacky, grave, méditatif, semble regarder au