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autoritaire, vif et alerte, sagace et prévoyant ; il fallait le Dux des anciens, secondé par un bon état-major, possédant son entière confiance, et qui aurait su, à tous instans, assurer la réalisation entière de la pensée dirigeante, celle de l’homme de commandement choisi entre tous, envers et contre toutes influences.

Quand on dispose de troupes, merveilleuses d’endurance et d’entrain, comme l’ont été celles de l’armée de Metz, rien ne devait être impossible ; il fallait débuter avec elles en allant hardiment de l’avant ; l’harmonie dans les efforts, la confiance en soi, se seraient manifestées ; l’espoir du succès, dans ce choc formidable de deux nations fortes, aurait certainement pu devenir, pour nous, très fondé et très légitime.


II. — PÉRIODE DES GRANDES BATAILLES

Du 22 juillet au 8 août, notre situation au 4e corps, aile gauche de l’ordre de bataille français, fut un état d’expectative et d’incertitude.

Nous restions dans une attente anxieuse, bien que nos reconnaissances journalières, poussées très loin dans la direction de Sarrelouis, donnassent à penser que l’effort allemand ne se produirait pas tout d’abord de notre côté.

La division de Cissey, placée en avant du gros du 4e corps, à Sierck d’abord, puis à Bouzonville, Teterchen et Boulay, avait servi de couverture à son corps d’armée, depuis le 23 juillet jusqu’au 8 août.

Le 8 août, nous recevions des ordres, pour commencer une marche rétrograde vers Metz où l’armée allait se concentrer.

Le 10 août, nous apprenions que le maréchal Bazaine avait été investi du commandement suprême de l’année ; le général Jarras lui avait été donné, contre son gré je crois, comme chef de l’état-major de l’armée.

Cette désignation du général Jarras, a dit le général de Cissey, ancien chef d’état-major du maréchal Bosquet en Crimée, qualifié par conséquent pour porter un jugement, ne pouvait permettre d’espérer un utile fonctionnement de l’état-major général de l’armée. Et cependant, cet état-major était composé d’officiers distingués, particulièrement choisis, les uns en raison de leur grande expérience de la guerre, les autres parce qu’ils avaient