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Borny, premier succès par lequel Lions avions vengé nos échecs en Alsace !

Après avoir bivouaqué sur son champ de bataille, la partie du 4e corps qui avait été engagée reprenait le 15 août à la pointe du jour, suivant les ordres reçus, son mouvement interrompu la veille ; elle passait sur la rive gauche de la Moselle ; la division de Cissey s’installait à Voippy.

L’armée de Metz devant toujours se replier sur Verdun, le corps de Ladmirault, 4e, avait l’ordre de se porter le 16 août sur Doncourt.

La division Lorencez était dirigée par Rozérieulles sur une route déjà très encombrée ; les divisions Grenier et de Cissey par Saulny et Saint-Privat.

On devait savoir que le gros des forces allemandes ne serait pas loin de Doncourt, puisque, depuis deux jours, elles passaient la Moselle sur plusieurs points en amont de Metz. Malgré cela, le grand quartier général de l’armée commit la lourde faute de laisser s’engager sur la route de Saulny, entre les divisions Grenier et de Cissey, un parc de réserve d’artillerie, un lourd convoi d’ambulances et de bagages. Or, le village de Saulny présente un long défilé étroit ; c’était compliquer singulièrement la marche de la division de Cissey, qui, prête à suivre immédiatement la division Grenier, avait un intérêt majeur à atteindre promptement le plateau, c’est-à-dire Saint-Privat, pour gagner ensuite Doncourt, son objectif de marche assigné. S’il y avait eu des officiers du grand état-major de l’armée, non seulement pour régler méthodiquement l’ouverture de nos marches de guerre à proximité de l’ennemi, mais encore pour en surveiller l’exécution au nom du général en chef, nul doute que nos mouvemens dans le 4e corps, au commencement de la journée du 16 notamment, n’eussent été assurés avec la régularité et la ponctualité nécessaires ; l’encombrement par les impedimenta, sur les routes affectées aux élémens de combat, eût en particulier été évité.

Il arriva forcément que la division de Cissey, échelonnée derrière la division Grunier, ne put la suivre immédiatement ; elle éprouva en outre, dans la traversée du défilé de Saulny, les plus grands retards et les plus grandes difficultés ; elle perdit beaucoup de temps avant de gagner le plateau de Saint-Privat. Elle y parvint cependant, aussitôt qu’elle le put, grâce à l’initiative de son chef. Quittant la route encombrée par les