Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/543

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si le 6e corps (Canrobert) avait été appuyé le 18 par les nombreuses batteries de la réserve générale, que l’on n’a jamais utilisées dans les journées de haute lutte, le général de Ladmirault aurait pu, avec les divisions Grenier et Lorencez, jointes à la division de Cissey marchant en échelons, se jeter résolument sur les Allemands arrêtés dans leur premier élan quand ils donnaient l’assaut à Saint-Privat. Cette puissante contre-attaque aurait permis d’infliger à l’ennemi une sanglante défaite, malgré leurs corps d’armée accumulés devant nous. La Garde, qui serait venue à la rescousse derrière le 4e corps, aurait complété notre effort d’ensemble et nous aurions pu arriver à nous rendre définitivement maîtres de la situation.

Malheureusement, notre chef suprême n’était pas là, pour profiter de l’occasion qui s’offrait à lui pour la seconde fois, afin de déterminer un grand succès final ! Son état-major restait immobilisé auprès de lui, loin du champ de bataille ; le maréchal Bazaine ne voulut pas se renseigner, et par conséquent connaître, d’instans en instans, les incidens graves qui caractérisaient les phases de la bataille décisive de Saint-Privat. L’inertie et l’insouciance rendaient inutiles les impressions apportées par ceux qui venaient de la ligne de feu, demandant à être soutenus et renforcés sur les points les plus menacés.

Pour la journée du 18 août le dispositif général de l’armée de Metz avait été le suivant :

La ligne de front de combat allait de Rozérieulles à Saint-Privat.

Le 6e corps, a la droite, tenait Raucourt et Saint-Privat.

Le 4e corps, divisions de Cissey et Grenier en première ligne, division Lorencez en seconde ligne, occupait Amanvillers, Montigny-la-Grange et se reliait à Saint-Privat, par la droite de la division de Cissey, à l’extrême gauche du Ge corps.

Le 3e corps, à gauche du 4e, avait son front couvert par les fermes La Folie, Leipzig, Moscou, sa gauche arrivant à la ferme du Point-du-Jour.

Le 2e corps couronnait la hauteur qui domine Rozérieulles, un bataillon du 97e d’infanterie à Sainte-Ruffine.

La Garde avait une brigade de voltigeurs au chalet Billaudel, formant réserve pour le 3e corps ; la division de grenadiers, avec le général Bourbaki, fut d’abord placée sur le plateau de Plappeville, puis plus tard, mais beaucoup trop tard, elle vint à