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fin du drame. Nous, infortunés, nous allons subir le supplice d’un enlizement fatal, contre lequel nous voudrons nous débattre, mais qui forcément aura raison de nous, puisque la passivité restera à l’ordre du jour !

Sentant déjà que, quoi qu’il advienne, nous devons remplir notre rôle du mieux que nous pourrons, nous allons nous organiser aussi fortement que possible, pour une résistance énergique.

Les Allemands finiront peut-être par nous réduire, mais ce sera en nous affamant et non pas en nous maîtrisant par le combat !

Les forts de Metz étaient à compléter pour être mis en mesure de soutenir un siège, il faudra fournir pendant un certain temps de nombreux travailleurs pour assurer leurs conditions défensives.

Les Allemands, très renseignés sur nous, grâce à leur service d’espionnage parfaitement organisé, peuvent déjà compter, qu’en établissant un blocus sévère, ils viendront à bout de la résistance de Metz sans coup férir et dans un nombre de jours qu’ils peuvent presque escompter à l’avance.

26 août. — Le 26 août doit avoir lieu, nous dit-on, une première tentative pour forcer, sur la rive droite de la Moselle, un point du cercle ennemi qui nous enserre ! Les forces françaises, établies sur la rive gauche, doivent, à cet effet, quitter leurs emplacemens dans la nuit du 25 au 26 et franchir la rivière. Pour cette démonstration, le 6e corps tiendra la gauche entre le château de Grimont et la Moselle ; le 4e corps sera à hauteur de Mey avec les divisions de Cissey et Grenier en première ligne, la division Lorencez en seconde ligne, formant réserve du 4e corps. Le 3e corps doit se placer à la droite du 4e. Le 2e corps devait être maintenu en réserve générale de l’armée avec la Garde.

L’ennemi, qui est en forces dans les villages de Servigny, Poix et Sainte-Barbe où il a déjà établi de nombreuses batteries, reste immobile en attendant notre attaque !

Quant à nous, nous sommes maintenus dans l’expectative des ordres du maréchal Bazaine, qui préside un conseil de guerre réuni au château de Grimont.

A 6 heures du soir, et sans que nous ayons combattu, il nous est enjoint d’aller reprendre sur la rive gauche de la Moselle, nos positions primitives !