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traité avec la plus haute courtoisie, n’a rien voulu céder aux demandes du général Changarnier ; il s’est retranché derrière les ordres du Roi, qui exigeait la reddition absolue de Metz, et celle de l’armée entière avec son matériel.

Il fut impossible au général Changarnier d’obtenir que l’armée sortit avec les honneurs de la guerre, pour se retirer soit dans des départemens du nord de la France, qui auraient été neutralisés, soit en Algérie, avec rengagement de ne plus prendre les armes contre l’Allemagne.

Le prince avait prié le général Changarnier, au moment de se séparer, de demander au maréchal Bazaine d’envoyer à Frascaty le chef de l’état-major général français, pour qu’il pût envisager avec le général de Sthiele, chef d’état-major du prince, les détails de la convention à intervenir.

C’est alors que le maréchal Bazaine, gardant encore un inutile espoir de conditions améliorées, prescrivit au général de Cissey de se rendre personnellement au quartier général du prince Frédéric-Charles.

Le général de Cissey, aussitôt après son arrivée à Frascaty, dut entrer en rapports avec le général de Sthiele et s’efforça de remplir sa mission au mieux de nos intérêts !

Il rencontra les mêmes sentimens d’inflexibilité et le même esprit de résistance qu’avait trouvés auprès du prince le général Changarnier.

Toutes considérations rappelant l’héroïsme dont nous avions fait preuve, les souffrances multiples que nous avions endurées, trouvèrent un cœur sec, hautain et égoïste. Dans toutes les réponses faites, les ordres du Roi étaient invoqués.

Et cependant, nous restions des affamés et non des vaincus ! Nous avions rempli noblement notre devoir, en gens de guerre dévoués à leur patrie !

Tout fut inutile ! Tout sentiment de générosité chevaleresque, fréquent entre adversaires qui ont motifs de s’estimer réciproquement après la lutte, fut de parti pris systématiquement écarté.

Le général de Cissey quitta alors Frascaty, emportant le protocole de la capitulation de Sedan, auquel on devait se conformer, pour rédiger la convention à intervenir pour notre armée. Revenu auprès du maréchal Bazaine, pour lui faire connaître les résultats infructueux de sa mission, il lui demanda de lui