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négociations avec les puissances italiennes, l’administration du Musée multiplia les instances pour que ces différens articles fussent réclamés par voie diplomatique ; elle écrivit même directement à Cacault, après sa nomination à Rome, pour intéresser au succès son amour-propre et son goût artistique. Le traité de Florence, signé le 28 mars 1801, entre la France et les Deux-Siciles, spécifiait expressément la restitution au gouvernement consulaire des objets litigieux. Mais il fallut compter alors avec les démarches tendant à en obtenir la rétrocession gracieuse à Rome : tantôt c’étaient les Albani qui s’adressaient à la générosité de Bonaparte ; tantôt le gouvernement pontifical, en échange de la bonne volonté dont il faisait preuve dans la délicate négociation du Concordat, sollicitait l’abandon du reliquat des trophées de Tolentino. Le Premier Consul fut bien près de se laisser ébranler, si près que Talleyrand conseillait sous main de presser à Naples l’embarquement, afin de pouvoir opposer aux Romains le fait accompli. Heureusement pour le Musée, Dufourny, que Foubert avait remplacé comme administrateur titulaire depuis l’automne de 1800, fit en 1801 et 1802 un long séjour en Italie avec une mission officielle : il seconda, inspira au besoin les requêtes diplomatiques de Cacault et d’Alquier. Bonaparte, par ménagement pour la noblesse romaine, finit par accorder la rétrocession d’une partie des collections Albani et Braschi, mais il fut inflexible sur les « onze articles du traité de Tolentino, » à l’exécution complète duquel sa gloire personnelle était intéressée. « Toutes réflexions faites, » écrivaient à Dufourny les autres administrateurs, « la superbe collection que vous avez expédiée de Naples, si vous pouvez y joindre la belle Pallas, doit nous consoler de celle qui est restée à Rome. »

La question de la Pallas demeurait en effet en suspens, et cette statue, que le Louvre devait garder après les reprises de 1815, n’y parvint qu’après bien des péripéties. Elle avait été exhumée, à l’automne de 1797, d’une vigne proche de Velletri ; le 15 avril 1798, les commissaires de la République française l’avaient séquestrée et mise en dépôt au château Saint-Ange, où les Napolitains s’en étaient emparés en octobre 1799. A Dufourny, qui la réclamait en vertu du traité de Florence, le gouvernement de Naples objectait que la Pallas ne faisait pas partie des cessions de Tolentino, et que d’ailleurs il l’avait