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essayer de le faire ici en considérant la seule période de la Monarchie de Juillet et, durant cette période même, une partie seulement de l’œuvre alors accomplie. Malgré son importance qui lui mériterait une étude distincte, l’Algérie, en effet, peut être laissée en dehors, puisqu’elle s’est développée à part et dans des conditions spéciales. Mais on sait qu’elle n’absorba pas tous les efforts du gouvernement de Louis-Philippe qui, dans le temps même où il entretenait une armée pour combattre Abd-el-Kader, trouvait le moyen de s’occuper aussi de la Guinée, de Madagascar et de l’océan Pacifique. Je ne songe point à raconter par le menu ces diverses affaires dont certaines péripéties, l’incident Pritchard, par exemple, sont du reste bien connues. Mais, utilisant des documens inédits, je souhaiterais dégager quelques-uns de leurs caractères et montrer la façon dont elles se rattachèrent les unes aux autres, comme la mesure où elles engagèrent l’avenir. Et ceci conduira à résumer d’abord les projets ou entreprises poursuivis du lendemain de la Révolution de 1830 jusqu’en 1843, pour voir ensuite comment, en cette année qui fut encore à maints égards décisive, les velléités un peu éparses se fondirent en un plan d’ensemble dont la réalisation demeura très incomplète, mais dont l’application fut pourtant sérieusement commencée.


I


Pour résumer tout d’abord les entreprises ou tentatives un peu éparses qui se produisirent entre la Révolution de Juillet et le début de 1843, le mieux sera de considérer séparément les différentes régions du globe. La clarté de l’exposé y gagnera et pareille division demeurera, d’autre part, complètement légitime. Car, si nous retrouvons partout les mêmes tendances et un égal souci des intérêts nationaux, ces intérêts varieront, et les mêmes causes ne détermineront pas nos interventions sur la côte occidentale d’Afrique, dans l’océan Pacifique ou dans l’océan Indien.

Après avoir occupé sur la côte occidentale d’Afrique un certain nombre d’établissemens échelonnés, la France n’y détenait plus qu’Albréda dans la Gambie, l’ilot de Gorée, enfin, dans le Sénégal propre, la ville de Saint-Louis d’où dépendaient trois ou quatre postes espacés sur le fleuve et séparés par des terri-