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campagnes de Hôgen (1156-1158) et de Heiji (1159-1160) assurèrent le triomphe du Taira Kiyomori. Celui-ci ne sut garder aucune mesure dans sa victoire. D’un caractère violent et brutal, il s’adonna à une vie de débauche qui dura jusqu’à sa mort (1181). Durant cette période, les caractéristiques de l’art japonais restèrent sensiblement les mêmes. La société profitant de ce que la paix était rétablie pour quelques années oublia vite les horreurs de la guerre civile et la leçon ne porta pas. Plus que jamais elle se livra au tourbillon des fêtes et de telles circonstances furent peu favorables à l’éclosion d’idées nouvelles.

On doit pourtant noter l’importance prise par les peintures destinées à l’ornementation d’écrits sacrés très soigneusement calligraphiés. C’était là reprendre une vieille tradition remontant, comme nous l’avons vu, au VIIIe siècle, mais en la modifiant par l’introduction d’illustrations profanes dans les écritures bouddhiques, en vue de commenter le texte. Le temple de Kumodera dans la province de Suruga possède en ce genre 18 rouleaux exécutés dès l’époque de l’empereur Toba (1108-1123). Mais les plus célèbres de ces œuvres sont celles de la période Heike jidai. En 1164, Kiyomori offrait au temple d’Itsukushima dans la province d’Aki une série de makimonos consacrés au texte Hokekyô. La calligraphie en était due à 32 membres de la famille Taira. Le fond de ces makimonos est somptueusement décoré d’or et d’argent en poudre et en feuilles. Les peintures accompagnant le texte consistent en utaye (dessin ornant des poésies), en ashide-ye (peintures sous la forme calligraphique) et en scènes d’intérieur pleines de charme, exécutées avec la minutie d’un miniaturiste de notre moyen âge. Les couleurs sont très brillantes et assez épaisses (Kokka, n° 318, juillet 1908).

Une autre sorte de manuscrits enluminés de la fin de l’époque des Fujiwara se présente sous la forme de volume relié dite Yamato-toji (littéralement : reliure du Yamato).

Dans l’exemplaire du Hokekyô appartenant à M. Riichi Uyeno d’Osaka (Kokka, n° 199, décembre 1906), le texte n’est pas interrompu par les peintures, dispositif qui produit, au premier abord, un singulier effet sur l’œil de l’observateur non prévenu.

Un troisième genre de peintures doit être enfin cité. Elles