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Ce dernier est l’auteur d’un certain nombre de makimonos, par exemple de ceux du Kitano Tenjin Engi (histoire de la châsse de Tenjin), conservé au Kitano Juishô de Kyôto et du Kegon Engi (du temple Kôzanji). Le style de ses peintures semble avoir subi tout à la fois l’influence des Kasuga et celle des Tosa. Des premiers il se rapproche par une certaine minutie et une extrême perfection dans sa manière de rendre les moindres détails, mais les attitudes de ses personnages sont moins raides et les scènes dans lesquelles ils figurent plus mouvementées. Le coloris est plus vif que ceux de Mitsunaga et de Keion et souvent rehaussé d’or. Ce ne sont peut-être pas d’ailleurs ses illustrations de légendes qui constituent le principal titre de gloire de Nobuzane, mais plutôt ses portraits.

Nous avons vu comment le genre du portrait s’implanta au Japon dès la fin du VIIe siècle (Shotoku taishi) et fut mis en faveur au IXe par l’intermédiaire des images semi-religieuses (bonzes et fondateurs de sectes), mais ces dernières se souvenaient encore trop de la sculpture dont elles étaient manifestement imitées. Il fallut arriver à l’époque de Kamakura (1185-1337) pour assister au plein développement du genre : comme les illustrations des ye-makimonos, les portraits se répartissent alors en deux périodes bien différentes. Durant la première, celle dont nous nous occupons actuellement, ils montrent toutes les caractéristiques de la peinture nationale Yamatoye des Kasuga : dignité des attitudes, teintes brillantes et surtout empâtemens très caractéristiques de couleur blanche des visages sur lesquels les traits sont exécutés en lignes délicates. Les chefs-d’œuvre de cette période semblent être le portrait de l’empereur Goshirakawa (Kokka, n° 195, août 1906), datant du commencement du XIIIe siècle et conservé au Myô-ô in de Kyôto et celui du prêtre Mongaku attribué à Fujiwara Takanobu (1146-1205) (Kokka, n° 248). — Très curieuse est aussi l’image de la divinité Nibu Myôjin (Kokka, n° 234) appartenant au Shintoïsme et peinte en cette qualité sous les traits d’une princesse de l’époque à la physionomie grave, aux cheveux dénoués tombant sur les épaules et vêtue d’une robe splendide toute tissée d’or, l’entourant de ses énormes plis.

A Nobuzane nous sommes sans doute redevables de la série fameuse des Agedatami Kasen, « les poètes célèbres assis sur des agedatami, » (sortes de nattes servant de sièges). Actuellement,