Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




L’EMPEREUR MUTSUHITO



——————



I


Quand Mutsiihito, second fils de l’empereur Komei, naquit le 3 novembre 1852, tout au Japon était confusion. Les mikados y régnaient depuis les temps préhistoriques comme les descendans de la déesse solaire, que la religion shinto appelle la créatrice de l’Archipel. Vers le vie siècle de notre ère, ils avaient adopté le confucianisme et le bouddhisme, bientôt fondus avec le shinto, la civilisation des Chinois et leur système de gouvernement centralisé, Kioto avait été choisi comme capitale de l’empire et les charges de l’État étaient devenues la propriété de quelques grandes familles de nobles de cour ou kuge. Mais, énervés par la civilisation nouvelle, mikado et kuge avaient bientôt perdu toute autorité sur le Nord et l’Ouest du Japon, restés barbares, où s’étaient fondés des clans féodaux dont les membres s’appelaient samurai et les chefs daimio. Le plus grand des daimio, le shogun, après avoir enfermé l’Empereur et sa Cour dans le palais de Kioto, avait commencé contre les daimio, une lutte de quatre cents ans, qui lui avait enfin donné la victoire au xviie siècle. 200 daimio seulement avaient conservé leurs États sous sa tutelle ; ils passaient la moitié de l’année à Yedo, sa capitale ; quand ils s’en éloignaient, ils y laissaient leurs femmes et leurs enfans en otages ; aussi leurs clans s’étaient-ils transformés en républiques de samurai. Dans les États Shogunaux, qui comprenaient le tiers de l’archipel, le régime était celui de la monarchie absolue ; mais, avec le temps, les shoguns incapables avaient laissé usurper leur autorité par