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associés ou syndiqués par entraînement, par esprit d’imitation, par passivité et dans l’obscur espoir qu’il en sortirait pour eux quelque bien. Leur ignorance était leur excuse ; ils n’en auraient plus désormais, car ils sont avertis. En cela surtout, l’acte du gouvernement a été bienfaisant. C’est rendre service aux bons instituteurs, qui sont sans nul doute la majorité, que de les soustraire aux suggestions de leurs syndicats en les supprimant, de leurs amicales en les redressant, enfin de leurs fédérations qui, se rendant solidaires l’une de l’autre, finissent par être animées du même esprit.

Partisan de la liberté de l’enseignement, qui nous paraît plus que jamais nécessaire, nous avons toujours défendu l’école laïque, mais nous demandons qu’elle nous y aide. M. Guist’hau n’a pas seulement parlé de ceux qui l’attaquent, il a parlé aussi de ceux qui la compromettent. Contre les premiers, la défense est relativement facile ; elle l’est moins contre les seconds. Fait remarquable : dans le manifeste des amicales, il n’est pas une seule fois question des intérêts professionnels des instituteurs et des améliorations de situation qu’ils peuvent désirer ; c’est pourtant à les faire valoir que leurs associations devraient servir. M. Guist’hau a cru les apaiser en leur promettant une série de réformes qui coûteront 40 millions de plus, tous les ans, au contribuable : l’effet produit semble avoir été insignifiant. Les instituteurs veulent cela sans doute, et même avec des augmentations qu’ils annoncent l’intention de fixer eux-mêmes. Mais ils veulent encore autre chose et nous avons dit quoi : ils veulent former une corporation dont ils établiront seuls les règles et dont seuls ils seront les maîtres. Si nous pouvions, ce qu’à Dieu ne plaise ! leur passer ce point, il en est un autre sur lequel nous resterions intraitables, à savoir l’enseignement qu’ils donnent. On vient de voir ce qu’il est, ou plutôt ce qu’il serait sous peu, si le corps enseignant ne dépendait plus de personne. Le gouvernement aura beaucoup à faire, plus sans doute qu’il n’avait prévu au début de son entreprise. Des nécessités nouvelles lui ont apparu. Pour y pourvoir, il a une grande force, mais à la condition d’en user. S’il n’use pas de cette force, s’il hésite et s’il faiblit dans son emploi, si les fédérations d’instituteurs ont l’impression qu’ils l’ont fait reculer et céder, il vaudrait encore mieux qu’il n’eût rien fait du tout.


Le gouvernement a décidé de concentrer nos forces navales dans la Méditerranée : nous y avions déjà deux escadres, nous y en aurons une troisième, qui était à Brest et qui est composée de vieux vaisseaux