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ressement dans les affaires d’Orient et, pour être justes, nous reconnaissons que toutes ne peuvent pas l’avoir au même degré que nous. Le comte Berchtold a dit, il y a quelques jours, aux Délégations que l’Autriche se réservait de défendre ses intérêts : les journaux officieux autrichiens, complétant ses paroles, expliquent qu’après l’échec de la politique de statu quo, une autre viendra qui comportera des résolutions différentes. Faut-il comprendre qu’à la politique de statu quo sera substituée la politique de partage ? Sans doute, car les journaux le disent très crûment. Alors d’autres questions se poseront. La Russie non plus ne laissera pas péricliter ses intérêts. La Roumanie en a, elle aussi, que la victoire bulgare, si elle se confirme et se développe, mettra subitement en cause. L’Autriche et la Roumanie ont déjà pris quelques précautions militaires. L’éveil est donné à tout le monde et tout le monde se tient sur le qui-vive. M. Poincaré a fait des efforts très honorables pour maintenir la paix ; il a annoncé dans son discours qu’il en ferait désormais pour abréger la guerre et, en tout cas, pour l’empêcher de s’étendre ; mais il a insisté à deux reprises différentes sur la nécessité pour lui-même, pour son gouvernement, de sentir la France unie, afin qu’il pût faire entendre sa voix avec autorité dans les négociations qui se poursuivent. Les Chambres se réunissent le 5 novembre ; les conseils de M. Poincaré étaient donc particulièrement opportuns. « Par la sincérité et la clarté, a-t-il dit, il est toujours facile à des hommes qui, depuis nombre d’années, ont combattu côte à côte, de prévenir des malentendus et de conjurer des divisions funestes. Le gouvernement a besoin du concours de tous les Républicains, il a même besoin de la confiance de tous les Français pour se sentir à la hauteur de la tâche difficile que les circonstances lui imposent. » Les événemens donnent à ces paroles une gravité particulière : il faut espérer qu’elles seront comprises et que la voix du patriotisme s’élèvera, au moins pendant quelque temps, plus haut que celle des partis.

Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
Francis Charmes.