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généralement employé en France, est un vaccin polyvalent. Pour vacciner, on fait trois à quatre ou cinq injections, de huit en huit jours.

Les effets immédiats de la typhovaccination sont en général insignifians : j’ai vu plusieurs personnes continuer leurs occupations ordinaires, comme avaient fait les infirmiers du Val-de-Grâce vaccinés par Vincent : trois à dix pour cent des sujets, jeunes et bien portans, qui sont vaccinés contre la fièvre typhoïde, ont une légère fièvre, un peu de céphalée, de la courbature, pendant quelques heures ; tous symptômes beaucoup moins accusés que ceux que détermine le vaccin jennérien chez les sujets qui le reçoivent pour la première fois. En tout cas, il n’y a jamais d’accident grave : on peut considérer le vaccin anti-typhique comme inoffensif. Il est non moins certain qu’il est efficace.

L’expérience clinique, sur ce point, porte déjà sur un grand nombre de cas : la vaccination antityphique a été d’abord appliquée aux troupes anglaises pendant la guerre du Transvaal, en Egypte, à Chypre, à Malte, à Gibraltar ; dans l’Inde, elle est devenue tellement populaire que presque tous les militaires demandent à se faire inoculer : « le lieutenant-colonel Firth signale que, dans certains régimens, la proportion des vaccinés volontaires est de 80 à 90 pour 100 ; dans quelques-uns, le chiffre est même de 100 pour 100 ; le nombre des militaires vaccinés dans l’armée anglaise dépasse actuellement 150 000. Les Russes ont vacciné leurs médecins, infirmiers et infirmières dès le début de la guerre de Mandchourie ; 7 287 officiers ou soldats allemands ont été vaccinés lors de la campagne contre les Herreros. Dans l’armée américaine, la vaccination est adoptée depuis 1909, et le général Wood, chef d’état-major de l’armée, après s’être fait vacciner lui-même, a prescrit, le 28 août 1911, que la vaccination antityphique, jusque-là facultative, fut obligatoire pour tous les militaires, officiers et soldats, âgés de moins de quarante-cinq ans. La flotte américaine a adopté la même mesure. On vaccine les recrues, au bras droit avec le vaccin jennérien et au bras gauche avec le vaccin antityphique. En 1909, l’armée japonaise comptait 27 772 militaires vaccinés contre la fièvre typhoïde.

En somme, on peut bien dire, avec Vincent, que la vaccination antityphique a presque fait le tour du monde avant d’être enfin adoptée dans la patrie de Pasteur ! En France, il y a eu