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une série de discussions très importantes, à la suite desquelles l’Académie de médecine a déclaré, le 21 février 1911, « qu’il y a lieu de recommander l’emploi facultatif de la vaccination anti-typhique, comme un moyen rationnel et pratique de diminuer, dans des proportions sensibles, la fréquence et la gravité de la fièvre typhoïde, en France et dans les colonies. »

MM. Chantemessc et Vincent sont partis, au commencement de l’été 1911, pour le Maroc (où la fièvre typhoïde sévissait, tout particulièrement à cette époque de l’année, dans notre armée d’occupation) et ont fait, l’hiver dernier, des communications du plus haut intérêt à l’Académie de médecine.

Le 18 mai 1912, le ministre de la Guerre a prescrit l’emploi de la vaccination antityphique, à titre facultatif, dans l’armée métropolitaine ainsi qu’en Algérie, Tunisie et au Maroc.

Les résultats paraissent avoir été partout excellens et s’améliorent encore constamment, au fur et à mesure que la technique de la vaccination se perfectionne. Pendant la guerre anglo-boer, dans les troupes anglaises assiégées à Ladysmith, il y a eu cinq fois moins de cas chez les vaccinés que chez les non vaccinés ; dans l’Inde, les typhovaccinations ont diminué les malades des deux tiers et le lieutenant-colonel Kirth déclare que jamais, dans aucun pays, ni pour aucune maladie infectieuse, on n’avait constaté de résultats aussi merveilleux que ceux qu’a déterminés l’emploi de la vaccination antityphique dans l’armée anglaise. Dans la campagne des Allemands contre les Herreros, la fièvre typhoïde a été deux fois moins fréquente chez les vaccinés. En Amérique, la vaccination a rendu la fièvre typhoïde quinze fois moins fréquente ; il en est de même dans l’armée japonaise (quatorze fois).

Au mois d’août 1911, de larges applications de la méthode ont été faites au Maroc sur nos troupes stationnées dans le Nord-Est (Oudjda, Taourirl…) dans des conditions très défavorables : en pleine période épidémique, chez des hommes fatigués par la campagne et par la température accablante qui régnait à cette époque ; toutes les conditions d’infection par l’eau potable, par les mouches, par la contagion interhumaine… se trouvaient accumulées. « Les militaires, dit Vincent, inoculés avec les vaccins polyvalens du laboratoire du Val-de-Grâce, ont tous été et demeurent encore, à la date d’aujourd’hui (juin 1912) entièrement protégés ; pas un seul cas de fièvre typhoïde ou même d’embarras gastrique, fébrile n’a été constaté chez eux. Un