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du commerce extérieur des cinq belligérans et delà Roumanie, leur voisine :


Superficie (milliers de kmq.) Population (milliers d’habitans) Kilomètres de chemins de fer Budget (millions de francs) Dette (millions de francs) Commerce extérieur (millions de francs)
Bulgarie 96 4 380 1 780 178 638 306
Grèce 64 2 728 1 580 188 853 295
Serbie 48 2 936 795 120 679 183
Montenegro 9 250 18 3 6 9
Turquie 937 24 000 5 700 800 3 000 1 020
Roumanie 131 7 000 3 400 505 1 570 1 026


I. — TURQUIE

En face de ceux que la haine de l’ennemi commun a momentanément unis dans une alliance qu’il n’eût pas été aisé de prédire il y a vingt-sept ans, quand les troupes de celui qui était alors le prince de Bulgarie écrasaient les Serbes à Slivnitza, se présente le vieil Empire ottoman. Il y a plus de quatre siècles et demi que le Commandeur des croyans franchit le Bosphore, prit Constantinople et s’étendit sur une partie de l’Europe, allant jusqu’à menacer Vienne en 1529 et en 1683. L’Islam recommençait, à l’Est de notre continent, une tentative de conquête qui, huit siècles auparavant, avait été arrêtée à l’Ouest par Charles-Martel dans les plaines de Poitiers, en l’an 732. La fin du XVIIe siècle marque le point culminant de la domination des Turcs. A partir de ce moment, ils reculent peu à peu, et ce qu’on peut appeler leur colonisation va sans cesse en diminuant. Le démembrement, très lent d’abord, a pris, depuis cinquante ans, une allure extrêmement rapide : il leur a arraché successivement les Principautés danubiennes, dont l’émancipation fut en grande partie l’œuvre de la France, et qui forment le royaume-de Roumanie ; la Serbie, qui, une fois son indépendance reconnue par le traité de Berlin de 1878, n’a pas tardé à s’ériger en royaume ; la Bulgarie, constituée « en principauté autonome et tributaire sous la suzeraineté du Sultan » par le même traité, augmentée depuis de la Roumélie Orientale : elle a proclamé en 1908 son indépendance, avec le tsar Ferdinand à sa tête. En 1881, l’Angleterre a pris définitivement pied en Egypte ; le pachalik, déjà à moitié indépendant de Constantinople sous le règne des khédives, n’est plus rattaché que nominalement à la