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Au point de vue de la trésorerie, le gouvernement devait disposer, au début des hostilités, d’un reliquat assez important du produit du dernier emprunt, mais il ne saurait compter, dans une très large mesure, sur le concours de la Banque nationale qui, depuis longtemps déjà, a mis une bonne partie de ses ressources à la disposition du ministre des Finances, et qui dès lors ne pourrait augmenter son émission de billets sans détériorer le change et aggraver par suite le fardeau du service de la dette, extérieure. En effet, au 31 décembre 1911, la moitié environ de la circulation, 66 millions de drachmes, représentait une avance faite à l’Etat par la Banque, qui avait une encaisse d’or de 10 millions et 69 millions de crédits à l’étranger pouvant être assimilés à l’encaisse métallique. Elle avait en outre un portefeuille de 66 millions de fonds grecs. Elle a fait pour 70 millions de prêts hypothécaires. Son bilan est extrêmement compliqué ; elle a des branches d’activité multiples : il en résulte qu’elle ne pourrait, avec la même facilité que d’autres instituts, augmenter son émission : et cependant c’est sur elle que le gouvernement compte pour lui venir en aide. Il l’a autorisée, par une loi de novembre 1910, à créer 55 millions de billets garantis par un dépôt spécial d’or et de traites ; cette limite vient d’être élevée à 75 millions. D’après la dernière situation hebdomadaire publiée, la presque totalité de cette circulation est couverte par le portefeuille d’effets.

Il est difficile de juger dès aujourd’hui des conséquences qu’aura la guerre pour les marchés financiers grecs. Le 19 octobre 1912, le Parlement d’Athènes a voté une loi qui suspend, pour la durée de la mobilisation et de la guerre, l’exigibilité des créances et en interdit le recouvrement par voie de contrainte. La Banque d’Athènes s’est prévalue de cette disposition pour avertir ses cliens qu’elle ne rembourserait pas ceux dont le dépôt est antérieur au 30 septembre dernier. Cette résolution lui a été imposée par le fait qu’elle a un grand nombre de succursales en Turquie, où les encaissemens sont, à l’heure actuelle, malaisés pour un établissement grec. La Banque nationale continue au contraire ses affaires comme par le passé. Son gouverneur Valaoritis a déclaré qu’elle viendrait largement en aide à ceux qui ont besoin d’elle. La Bourse est fermée.