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REVUE SCIENTIFIQUE

L’HEURE NOUVELLE

Exposer ici quelques-uns des progrès dont s’enrichit chaque jour le domaine de la Science est un honneur dont je sens le péril. Comment me défendrais-je de cette inquiétude, lorsque ma pensée se reporte vers ceux qui m’ont précédé et dont je dois suivre les traces profondes, surtout vers mon maître, M. Dastre, qui fut et demeure mon parrain dans cette maison ? Nul n’a jamais su mieux que lui rendre transparens et lumineux les problèmes les plus délicats de la Philosophie naturelle ; leur austère beauté qui semblait réservée aux seuls initiés, il a eu l’art de la rendre accessible à tous. Le modèle qu’il a laissé est difficile à suivre : je m’efforcerai du moins de m’en inspirer.


Les problèmes que soulève la mesure du temps préoccupent, en ce moment, d’une façon très vive à la fois le public et les savans. La cause en est peut-être que la société moderne est en proie à deux tendances également fortes et presque contradictoires : la première nous pousse à vivre avec une intensité de plus en plus trépidante et une sorte de frénésie, dans le même temps que la seconde nous fait disputer et douter de tout et devrait logiquement nous conduire à une inertie fataliste, car à fouiller jusqu’au fond les notions les plus nettes du sens commun on risque de n’y plus trouver que des apparences vaines et le goût amer du néant.

Or la numération des durées qui marquent nos frêles existences a tout justement ce privilège de toucher à la fois aux impérieuses