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est curieuse, quand on la rapproche de sa politique. Cette politique, en ce qui concerne l’Albanie, est connue. L’Albanie est depuis assez longtemps le champ clos où l’Italie et l’Autriche luttent d’influence sur la côte orientale de l’Adriatique ; elles ont même essayé un moment de cesser la lutte en décidant que le statu quo, tel qu’il existait alors, serait maintenu ; mais la lutte n’en a pas moins continué et il faut bien dire que, jusqu’à présent, elle a tourné à l’avantage de l’Autriche, qui s’est assuré une assez belle avance sur sa rivale. L’Italie, néanmoins, se montre aussi attachée qu’elle à l’indépendance de l’Albanie, comme si elle aimait mieux y voir l’Autriche que la Serbie. Elle ne va pourtant pas jusqu’à refuser à celle-ci tout port sur l’Adriatique : son exclusion ne porte que sur Durazzo. Tout en répétant qu’on ne peut rien prédire, nous avons un vague espoir que les choses s’arrangeront ainsi. Quant à l’Allemagne, il n’est pas douteux qu’elle marche avec l’Autriche, mais il est probable que, tout en marchant avec elle, elle la modère. Aussi, pour finir par une note optimiste, nous dirons un mot d’une note qui a paru dans la Gazette de l’Allemagne du Nord et qui a tous les caractères d’une communication officielle du gouvernement allemand.

Le gouvernement allemand, voulant par cette publication rassurer les esprits qui commençaient à s’énerver et menaçaient de s’égarer, a démenti quelques-unes des nouvelles les plus sensationnelles de « es derniers jours. On avait dit, par exemple, que l’Autriche avait mobilisé cinq corps d’armée : il n’en est rien, la note l’affirme. On l’a dit également de la Russie, et cela n’est pas plus vrai d’elle que de l’Autriche, mais l’Allemagne ne peut parler que pour cette dernière. Dans les deux pays, on a pris quelques mesures de précaution, comme on l’avait fait en 1909, comme on le fait toujours quand la situation n’est pas normale, mais cela n’a aucun rapport avec une mobilisation. Le bruit avait couru aussi que l’Autriche s’apprêtait à envoyer un ultimatum à la Serbie : heureusement il n’en est rien. Dans l’état où sont les esprits à Belgrade, une pareille démarche aurait passé pour une menace et aurait pu provoquer quelque imprudence : cette démarche ne sera pas faite. Mais il y a mieux encore dans le communiqué allemand. On avait dit que M. Sasonoff avait modifié sa manière de voir dans l’affaire du port serbe : le communiqué déclare que c’est impossible et il en donne le motif, à savoir que « les puissances se sont mises d’accord pour ne pas se prononcer d’avance sur une question particulière quelconque du problème balkanique, » et que « les questions albanaise et adriatique ne devront être discutées et