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de la duchesse, — se marie. Il épouse Mlle Iscariote. Un défilé d’invités rient présenter ses condoléances à la duchesse… C’est drôle, si l’on veut, mais d’une drôlerie un peu appuyée… La duchesse est une de nos virtuoses mondaines ; elle « compose ; » entendez qu’elle met de la musique inepte sur des paroles idiotes. Pendant qu’elle est au piano, le jeune baron Hubert de Latour-Latour entre et lui applique un baiser sur les lèvres. Il n’est pas très difficile de deviner que ce jocrisse remplacera l’amant que vient de perdre la duchesse et qu’il sera le bon candidat que le duc va pousser à l’Académie. Au troisième acte, la séance de réception sous la coupole ; elle n’est guère bien réglée : nous sommes habitués aujourd’hui a plus d’exactitude et de soin dans la mise en scène. Le discours du récipiendaire est une parodie qui aurait pu être plus fine. Tout cela fait rire, dans un sujet qui eût plutôt comporté le sourire. Mais le succès même de la Prise de Berg-op-Zoom, qui triomphe à l’autre bout du boulevard, prouve que le public demande avant tout de la gaieté, encore de la gaieté, quelle que soit cette gaieté.

La troupe des Variétés est excellente et met la salle en joie. Ici, chaque artiste a une grimace, un tic, qui déchaîne le rire : il le répète à satiété. M. Max Dearly marche, les jambes molles ; M. Brasseur écarquille ses yeux et gonfle ses joues, comme si elles étaient de baudruche ; Mlle Lavallière parisianise comme Gavroche et fait des gestes de marionnette. L’effet est sûr, et le mieux est de s’y tenir. Je n’en goûte que davantage la finesse de M. Guy, qui joue en vrai comédien, et la mesure avec laquelle M. Prince a composé le rôle de Pinchet, chef du secrétariat de l’Institut. Mme Jeanne Granier, dans le rôle bouffon de la duchesse, reste comédienne excellente.


M. Henry Bidou réunit en volume sous ce titre l’Année dramatique les charmans et brillans feuilletons qu’il publie chaque semaine aux Débats. J’aurai sans doute à y revenir. Je me borne aujourd’hui à signaler à tous les amateurs de théâtre ce recueil d’études souvent profondes, toujours alertes, vives et spirituelles.


RENE DOUMIC.