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organiseraient, en s’inspirant de l’avis des chefs militaires compétens de la métropole, un bon système de milices pour leur défense terrestre. Au point de vue de l’efficacité militaire, c’eût été le plus sage ; mais l’amour-propre des gouvernemens coloniaux, la crainte qu’ils ont toujours de blesser les sentimens d’indépendance de leurs ombrageuses démocraties ne leur ont pas permis de l’accepter, sauf dans l’Afrique du Sud. Il ne s’ensuit pas qu’ils n’aient rien fait.

La conférence de Défense de 1909 a décidé la création de trois unités navales nouvelles dans le Pacifique et l’océan Indien. Chacune d’elles, dites groupe de l’Inde, groupe de la Chine et groupe de l’Australie, doit se composer d’un bâtiment cuirassé, de trois croiseurs protégés rapides, de six destroyers et éventuellement de sous-marins. Les deux premières seront entièrement sous le contrôle et à la disposition de l’Amirauté britannique ; la Nouvelle-Zélande fournit le cuirassé du type Dreadnought du groupe de Chine, en imposant comme seule condition que Wellington, sa capitale, sera l’une des bases navales de ce groupe. Au prix où sont les Dreadnoughts, ce n’est pas un effort négligeable pour un pays d’un million d’habitans. L’Australie en fait un considérable aussi, puisqu’elle a accepté de construire et d’entretenir entièrement les navires du groupe qui porte son nom, en y comprenant trois sous-marins et de plus les installations à terre que comporte une pareille force navale. C’est une dépense de plus de 175 millions de francs selon les prévisions. Le personnel sera, autant que possible, australien, mais sera complété par des officiers et des matelots anglais, si le besoin s’en fait sentir, — ce qui est, d’ailleurs, bien certain. En cas de guerre, cette flotte sera mise à la disposition du gouvernement britannique, si le gouvernement australien en décide ainsi. Ce dernier en conservera seul la direction en temps de paix.

C’est assurément un inconvénient. Dans un pays où l’on n’est guère au courant des choses militaires, et en dépit de l’établissement d’une école navale auquel procède l’Australie, on peut douter que la marine soit aussi parfaitement entretenue et entraînée qu’il le faudrait ; mais la crainte du Japon sera sans doute le commencement de la sagesse et le gouvernement de Melbourne écoutera assez volontiers les suggestions de l’Amirauté britannique.